Le podcast sur Sonia Rykiel – Ep 1
La biographie de Sonia Rykiel – Ep 1
- 1930 : naissance de Sonia Flis à Paris d’une famille d’intellectuels juifs. Son père est horloger.
- 1948 : Sonia rate son Bac et démarre comme vendeuse de vêtements
- 1954 : mariage avec Samuel Rykiel, un confectionneur de vêtements
- 1955 : naissance de Nathalie Rykiel
- 1961 : naissance de Jean-Philippe Rykiel, aveugle de naissance
- 1962 : elle crée le pull Sonia Rykiel dans la boutique de vêtements, Laura dans le 14e arrondissement
- 1963 : le pull Sonia Rykiel est affiché à la une du magazine Elle avec Françoise Hardy
- 1965 : séparation avec Samuel Rykiel
- 1966 : création de la société Sonia Rykiel
- 1968 : elle ouvre sa première boutique Sonia Rykiel et est sacrée reine du tricot par le magazine américain, Women’s Wear Daily
- 1974 : Sonia Rykiel lance sa première collection de prêt-à-porter, présentant des vêtements autre que les pulls. Ses créations se distinguent par leur confort, leur liberté de mouvement et leur style décontracté.
- 1975 : mort de Samuel Rykiel, son ex mari
L’histoire de Sonia Rykiel résumée – Ep 1
Sonia Rykiel née Sonia Flis est avant tout une rebelle depuis toute petite. Elle déteste les jeux de filles et déteste aussi les conventions. Pourtant elle nait en 1930 de parents privilégiés et passe de Neuilly-Sur-Seine au 16e arrondissement de Paris. Une jeunesse dorée pour celle qui n’aime que ses vieux pulls et ses vêtements d’enfants.
Elle résiste à la vindicte familiale de se marier mais finit par rencontrer Samuel Rykiel qu’elle épouse et avec lequel elle a 2 enfants, Nathalie Ryquiel et Jean-Philippe Rykiel.
Sam Rykiel est un confectionneur de vêtements et a sa propre boutique, Laura dans le 14e arrondissement à Paris.
Pourtant, rapidement, Sonia s’ennuie et quand elle tombe enceinte, elle se rend compte qu’il n’y a aucun vêtement qui lui convienne. Un jour, un représentant italien d’un gros fournisseur, lui propose des pulls. Seule Sonia est intéressée et elle lui demande de lui envoyer ses pulls. Après 7 retouches et de nombreuses modifications, Sonia vient de créer le pull “Sonia Rykiel”, un pull serré, proche du corps. Son pull fait fureur et les stars de l’époque l’adoptent. Sonia finit par divorcer avec Samuel Rykiel et lance sa marque avec l’aide de son ex mari. Une femme entrepreneur dans les années 60 est révolutionnaire. Mais Sonia ne lâche rien. Elle ouvre même sa propre boutique en mai 1968 en pleines manifestations. Mais peu importe, elle comprend ce que veulent vraiment les femmes.
Sonia Rykiel : une femme partie de rien qui crée une révolution – Ep 1
Avril 1962, Paris. 14e arrondissement, Boutique de vêtements, Laura
Cela fait aussi déjà 2 fois qu’elle modifie le pull avant de le vendre et elle n’est toujours pas satisfaite.
Ce matin-là, elle est rejointe par son amie, la galeriste, Nina Dausset.
Sonia
“Regarde Nina, je travaille sur ce pull que je veux vendre dans la boutique.”
Nina
“Mais c’est un pull d’enfant, ton truc ?”
Sonia
“Non, c’est mon pull.”
Nina
“Sonia, personne ne va acheter ton truc, c’est trop petit. Regarde, j’y passe à peine un bras et c’est beaucoup trop moulant !”
Sonia
“Je suis sûr que ce pull va plaire… et puis marre des pulls larges qui cachent tout !”
Mais Sonia s’accroche, elle l’aime son pull.
Je vous raconte aujourd’hui l’histoire de Sonia Rykiel, l’histoire d’une entrepreneure et d’une femme libre qui va bouleverser la mode et lancer un mouvement. Dans ce 1er épisode, Sonia Rykiel doit se battre pour se lancer, être une femme entrepreneur dans les années 50 n’est pas simple.
Un grand merci à Adrien Garcia qui prête sa voix au représentant italien, Adrien qui a l’excellent podcast sur les histoires dans la mode, “Entreprendre dans la mode”.
Table des matières
Sonia Rykiel, une rebelle dans une famille juive et bourgeoise
Le pull Rykiel de hasard à naissance d’une marque
Épilogue : Sonia, une femme libre et seule
Sonia Rykiel, une rebelle dans une famille juive et bourgeoise
Sonia Rykiel naît à Paris en 1930 d’une famille d’intellectuels juifs. Son père est horloger et la famille vit confortablement dans leur maison de Neuilly-sur-Seine.
Puis Sonia et ses 4 sœurs déménagent dans le 16e arrondissement de Paris.
“Je suis née avec une tête toute rouge, c’était déjà une provocation”, comme elle le dira pour expliquer son non conformisme.
Sonia est rousse avec des tâches de rousseur.
Elle est déjà différente.
Petite, elle n’a aucun intérêt pour les vêtements.
Mais c’est le rapport conflictuel permanent avec sa mère qui forge le caractère de Sonia.
Un dimanche matin de 1941 avant d’aller au parc en famille, la mère de Sonia la rejoint dans sa chambre alors qu’elle s’habille.
Mère de Sonia
“Sonia, tu ne vas quand même pas remettre encore ce vieux pull ? Il est trop petit maintenant.”
Sonia
“Maman, tu sais que j’adore ce pull et je n’ai pas l’intention de le jeter !”
Maman de Sonia
“Ça suffit Sonia ! Enlève-moi ce pull !
Et puis, j’ai déjà jeté ton vieux pull bleu tout troué.”
Sonia
“Puisque c’est ça, je vais sortir nue dans la rue…”
Sonia ouvre alors la porte et elle sort devant le regard horrifié de sa mère. Sa mère la rattrape dans le jardin.
Elle ne touchera plus jamais à ses vieux vêtements.
Sonia est cette petite fille pas sage qui n’aime que les vêtements qui lui collent au corps et à la peau.
Elle est impudique mais s’en moque. Elle déteste tous les jeux de filles.
En 1948, elle rate son Bac et refuse de le repasser et sa mère la punit en la plaçant en stage comme étalagiste à la Grande Maison de Blanc.
Mais c’est son mariage avec Samuel Rykiel en 1954 qui lui donne l’occasion de se lancer…
Le pull Rykiel de hasard à naissance d’une marque
Derrière la rebelle “Sonia” se cache une fille romantique et fleur bleue qui se voit plutôt comme une femme au foyer qui veut 10 enfants.
Après plusieurs fausses couches difficiles, elle accouche de 2 enfants, Nathalie en 1955 et Jean-Philippe en 1961.
Et alors qu’elle est enceinte, elle s’aperçoit qu’elle ne trouve aucun vêtement pour s’habiller dans sa propre boutique ou ailleurs.
Petit à petit, le cheminement se fait… Elle songe de plus en plus à créer sa propre marque de vêtements. Mais une femme mariée dans les années 50 qui entreprend, vous n’y pensez pas !
Paris 14e arrondissement, avril 1962 – Boutique Laura
Un homme entre dans la boutique avec 2 grosses valises qu’il tire péniblement.
Mr Flavia, le représentant d’une marque italienne, se tourne vers le couple Rykiel.
Mr Flavia, représentant de vêtements italien
“Bonjour !
Cette année, plutôt que les jupes classiques, je vous ai amené de nouveaux produits de notre usine !
Des pulls !”
Samuel et Sonia rejoignent le représentant de vêtements qui s’installe au fond de la boutique.
Il ouvre alors une valise et présente ses pulls.
Samuel
“Mais Mr Flavia, vos pulls, ils n’ont aucun intérêt ! Ils sont gris et ternes.”
Mr Flavia
“Mr Rykiel, c’est notre nouvelle collection ! Il y en bien un ou deux qui vont vous plaire…
Regardez ce pull.
La qualité est au RDV.”
Mais Samuel ne répond pas la mine renfrognée.
C’est Sonia qui le regarde, intéressée.
Sonia
“Est-ce que vous feriez un pull pour moi ? Je ne sais pas comment m’habiller, ça me ferait plaisir d’en porter un et j’aime beaucoup cette maille ! Par contre, je veux quelque chose de court et bien ajusté.”
Mr Flavia
“Je vais demander à mes patrons, ils sont très gentils…”
Mr Flavia repart donc à Venise puis quelques jours plus tard, le pull est livré.
Sonia ouvre le colis et sort le pull.
Sonia
“Ça va pas du tout ce pull…il est trop large, les épaules sont trop importantes.”
Elle le fait reprendre 7 fois.
Mais personne n’y croit à son pull, tout le monde trouve son pull “trop petit”.
On n’avait jamais vu un tricot comme ça. Court, en maille fine, très près du corps, fluide, coloré, aux longues manches.
Le pull Rykiel est né.
Un pull qui lui rappelle ses jeunes années.
Un pull qui remporte un succès immédiat.
Puis les stars l’adoptent, Audrey Hepburn, Brigitte Bardot ou Sylvie Vartan portent toutes ce petit pull.
Désormais la boutique “Laura” ne désemplit pas, le tout Paris vient voir cette nouvelle styliste, Sonia Rykiel.
L’entreprise Sonia Rykiel
Alors que le tout Paris se bouscule dans la boutique de cette nouvelle styliste, Sonia décide, avec le succès de lancer son entreprise et sa marque en 1965, la marque Sonia Rykiel, avec l’aide de son mari.
Sonia a compris intuitivement l’air du temps et la “libération” des mœurs et des femmes. Les premières mini-jupes sont lancées en 1964 et font scandale. Mais la jeunesse et les femmes s’en foutent.
Elles veulent goûter à cette liberté.
C’est l’époque de mai 1968, il est interdit d’interdire et Sonia participe à ce mouvement de libération des corps avec une mode féminine et sexy.
Mais Sonia est aussi une femme libre et veut rester indépendante… Elle divorce de Samuel qui la menace, lui fait du chantage pour qu’elle ne le quitte pas.
Il est encore fou amoureux d’elle. Mais elle ne cède pas.
4 fausses couches, l’arrivée d’un petit garçon aveugle, le divorce, Sonia est une force de la nature.
Elle lance donc sa première boutique en mai 1968.
Mais ouvrir une boutique en plein mai 1968 est compliqué et elle doit vite fermer avec les barricades. Elle se met alors à broder des inscriptions révolutionnaires sur ses tricots.
Les années suivantes, elle continue de travailler avec la maille, supprime les ourlets et les doublures. Elle fait de la “démode”, les vêtements doivent s’adapter au corps féminin et non l’inverse.
Elle crée des cardigans, tailleurs-pantalons, petits manteaux et, toujours, des pulls.
Elle innove avec un parti pris très féminin car Sonia déteste les diktats et répète aux femmes:
« N’écoutez pas les diktats de la mode, regardez-vous dans la glace et choisissez ce qui vous va ».
Une femme qui se construit seule.
Épilogue : Sonia, une femme libre et seule
Avril 1975 – Paris 16e
Nathalie
“Maman Maman… il est arrivé quelque chose à papa, il faut que tu viennes.”
Sonia
“J’arrive tout de suite ma chérie.”
Nathalie et Jean-Philippe sont en pleurs, il avait 48 ans.
Sonia les prend dans ses bras pour les rassurer.
Elle est désormais seule.
Enfin pas tout à fait.
Quelques semaines plus tard, Nathalie la rappelle;
Nathalie
“Maman, j’aimerais travailler avec toi…”
Sonia
“Mais tes études de médecine ??”
Nathalie
“Non, j’arrête ! Je veux être avec toi… La mort de papa m’a trop touché.”
Les années qui suivent marquent un succès phénoménal et des difficultés pour Sonia.
Et ça, c’est une histoire à écouter au prochain épisode.
=> Sonia Rykiel : du succès à la faillite mais une légende sans faille – Ep 2
Notes
Et je la voudrais nues – Sonia Rykiel – Editions Grasset
https://www.vanityfair.fr/mode/story/qui-va-ressusciter-sonia-rykiel-/13621
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sonia_Rykiel
http://archives.lesechos.fr/archives/2004/SerieLimitee/00030-017-SLI.htm
https://www.marieclaire.fr/,biographie-sonia-rykiel,827557.asp
https://www.lemonde.fr/culture/article/2013/08/15/sonia-rykiel-la-maille-au-corps_3462077_3246.html
https://amomama.fr/256488-quatre-fausses-couches-fils-handicap-div.html
https://www.nouvelobs.com/mode/20211224.OBS52515/la-nouvelle-famille-americaine-de-sonia-rykiel.html