Le podcast sur Sébastien de Lafond – Ep 1
La biographie de Sébastien de Lafond – Ep 1
- 1966 : Naissance de Sébastien de Lafond
- 1986 – 1989: HEC Paris
- 1996 : Montgomery Security – New York
- 1999 : création de Add Partnes, société de capital risque à Londres
- 2006 : retour à Paris
- 2008 : création de Meilleurs Agents avec Pascal Boulanger. L’entreprise est lancée comme une plateforme en ligne permettant de comparer les prix de l’immobilier en France. Il est rejoint par Julien Cheyssial et Jordan Sanial
L’histoire résumée de Sébastien de Lafond – Ep 1
Sébastien de Lafond crée et vend Meilleurs Agents, le site numéro 1 de l’estimation immobilière en ligne en France en l’espace de 10 ans.
Mais le chemin a été long et difficile.
Ce fils d’un militaire, perd son père jeune alors qu’il est à Brest.
Mais il est bosseur et doué pour les études. Il rejoint HEC sur les conseils de son grand-père. Puis il grimpe vite, d’abord dans la banque chez Paribas au Luxembourg puis chez JP Morgan à Paris et New York.
Ce travailleur acharné finit par tomber amoureux de la tech quand il rencontre les fondateurs de Business Object, Bernard Liautaud et Denis Payre. Il rejoint une banque d’affaires californienne, Montgomery Security, puis il claque sa démission pour créer un fonds d’investissement à Londres Add Partners.
En 2006, retour en France… et alors qu’il cherche un appartement sur Paris, il galère pour trouver des prix et se plaint de la transparence du marché.
Après un premier échec avec un associé, il dégote le meilleur commercial de la place de Paris, Pascal Boulanger puis réussit à convaincre les fondateurs du site, Immoplaza, Julien Cheyssial et Jordan Sanial. Des profils techniques.
L’aventure Meilleurs Agents est lancée.
Sébastien de Lafond, MeilleursAgents : la création – Ep 1
2007, Paris.
Sébastien
“Je viens de finir de rédiger le pacte d’actionnaires, il faudrait que tu le signes avant demain et on pourra conclure notre première levée de fonds. Les investisseurs que j’ai rencontrés hier ont trouvé le projet génial.”
L’associé
“Écoute euh…, Sébastien, en fait.. J’ai parlé avec ma femme ce weekend, et…elle voudrait que je trouve un job un peu plus stable, ce n’est pas le bon moment, financièrement c’est compliqué…”
Sébastien
“Si ça peut te rassurer, je me charge de la levée des fonds et dès qu’on les a je te paye tout de suite !”
L’associé
“C’est pas tout à fait comme ça que je le vois, je vais chercher à monter ma boîte en parallèle de ma recherche de travail . En fait, ce projet, je ne veux pas le faire avec toi, je veux le faire seul…”
Sébastien
“Ah…”
Alors que Sébastien de Lafond vient de passer des mois à structurer le business plan et rencontrer des investisseurs, son associé, à l’origine du projet, le lâche.
Ce projet : créer une start-up pour disrupter l’immobilier français.
Sébastien se sent trahi, la rupture est violente, il ne s’y attendait pas.
Je vous raconte aujourd’hui le parcours unique de Sébastien de Lafond. Banquier puis investisseur, il décide à 41 ans de devenir entrepreneur et fonde MeilleursAgents, le premier site dédié à l’estimation immobilière en ligne. Recommencer de zéro dans un secteur qu’il ne connaît pas? Allier l’immobilier et l’internet pour disrupter un marché hyper verrouillé? “On voit bien que vous n’y connaissez rien”. Mais Sébastien avec le succès de Meilleurs Agents va prouver le contraire.
Table des matières
Investisseur et ami des entrepreneurs
La création de MeilleursAgents
Créer une équipe : les premiers jalons de MeilleursAgents
Un parcours de banquier
Sébastien de Lafond voit le jour à la fin des années 60 dans le port de marins de Brest. Son père, officier de marine, est souvent absent mais ses longues virées en mer nourrissent l’imagination du petit garçon : il se verrait bien lui aussi voir le monde quand il sera plus grand.
Alors qu’il n’a que cinq ans, son père meurt brusquement dans une base aéronavale à côté de Nîmes. Ce drame va marquer à jamais Sébastien, il prend conscience très tôt que la vie est courte et qu’il faut en tirer l’essentiel.
Sa mère se remarie avec un autre officier de marine. Sébastien a 7 ans. Il quitte Brest pour Toulon puis pour Paris afin de suivre celui qu’il appelle son deuxième papa.
La mère de Sébastien
“Sébastien, mon chéri, tu as rempli tes choix d’orientation pour l’année prochaine?”
Sébastien
“J’hésite encore entre école d’archi ou fac de droit ou alors diplomate. Découvrir le monde, voyager… ça me plairait bien.
Faudrait que je passe le concours de Sciences Pô.”
La mère
“On a déjà parlé de Sciences Pô; c’est non. Tu as bien entendu ce que t’a dit ton grand-père: Sciences Po ne sert à rien, ni l’ENA car c’est bouché. Il vaudrait mieux que tu fasses HEC.”
Et c’est sur les conseils de ce grand-père, qu’il n’a vu qu’une fois dans sa vie, que Sébastien entre à HEC.
A la fin de ses études, il tire définitivement un trait sur une carrière de diplomate lorsque celle qui deviendra sa femme lui clame haut et fort “moi, femme de diplomate, jamais!”
Sébastien
“Bonjour Papa, ça va? Alors?”
Son deuxième père
“Bonne nouvelle mon garçon, mon contact chez Paribas accepte de te prendre en stage pour que tu fasses ton volontariat de service national.”
Sébastien
“Merci, merci!!”
Et c’est ainsi qu’en 1989, Sébastien se retrouve chez Paribas au Luxembourg en tant qu’ingénieur patrimonial. Initialement, la banque c’est pas vraiment son truc, mais c’est toujours mieux que le service militaire.
Sa carrière de banquier est lancée.
Puis, en 1992 il devient vice-président au sein de la banque américaine JP Morgan. Il gère des actifs depuis Paris et New York et conseille des sociétés familiales et des entrepreneurs sur les fusions-acquisitions.
Sébastien
“Bonjour, excusez-moi de vous interrompre, j’ai rien compris à votre pitch et pourtant je trouve votre idée géniale, pourriez-vous m’en dire un peu plus?”
Sébastien vient de rencontrer Bernard Liautaud et Denis Payre, les deux fondateurs de l’éditeur de logiciels Business Objects. Il est subjugué par leur fougue et chope à leur contact le virus de la Tech.
L’envie de se spécialiser dans ce domaine et d’accompagner les entrepreneurs novateurs le pousse à partir à Boston et travailler en tant que responsable de la technologie européenne, chez Montgomery Security, une banque d’investissement californienne spécialisée dans la Tech.
Sauf que ce n’est pas de tout repos. Sébastien, qui ne connaît rien au vocabulaire des introductions en bourse et autres stock-options, apprend à mettre les boîtes de tech en bourse au Nasdaq.
Il bosse 16 heures par jour, 6 jours sur 7, il est épuisé. Il n’a aucune sécurité car chez Montgomery Security, il peut être viré du jour au lendemain. ll a 31 ans, il dort 4h par nuit, il ne voit pas sa femme qui a quitté son poste pour venir le rejoindre à Boston.
Le directeur de Montgomery,
“Monsieur de Lafond, voici deux ans que vous opérez chez nous et au vu de vos performances exceptionnelles, nous envisageons de vous garantir un salaire annuel d’un million de dollars.”
Sébastien
“Je… Je vais y réfléchir”
Pour Sébastien, au bord du burn out, cette proposition est non seulement indécente mais est synonyme de menottes en or. Sans en parler à sa femme, il déchire le contrat. Il a 33 ans, il veut retrouver une vie et quitte Montgomery Security. Direction l’Angleterre.
Investisseur et ami des entrepreneurs
La femme de Sébastien
“Nan mais les gars, sérieusement? Ça fait un mois que vous êtes collé à vos manettes, faut se bouger là!
Ça pue la clope ici, ça empeste l’appartement, ouvrez les fenêtres bon sang!”
Après deux mois de jeux vidéos intenses, Sébastien prend du temps pour lui. Il joue au tennis plusieurs fois par semaine, voit ses amis, retrouve les joies du cinéma et petit à petit il structure une idée qui lui trotte en tête depuis un bon bout de temps.
Il sait qu’il a du cash d’avance et qu’il peut lancer tranquillement un fonds de capital risque. En 1999 à Londres, il cofonde Add Partners, une société de capital-risque spécialisée dans le secteur technologique pour financer de jeunes sociétés à l’ambition mondiale.
Par miracle, alors que la bulle internet éclate en février 2000, il lève 180 millions d’euros. Pendant sept ans, il préside le fonds et investit dans plus de 20 start-up européennes dont InStranet, Nokia Siemens.
Mais de nouveau, l’optimisme de Sébastien s’assombrit. Les relations avec ses cofondateurs sont tendues, ils se croisent furtivement dans les couloirs, se parlent à peine. Sébastien s’épuise. Fin 2005, la femme de Bernard Liautaud, le fondateur de Business Object devenu un ami, lui dit lors d’un dîner “Sébastien, sauve-toi”. C’est le déclic.
Après une nouvelle phase jeux vidéo pour décompresser, Sébastien sent de nouveau qu’il doit bouger.
Sébastien
“Chérie, et si on déménageait à Paris? J’aimerais que les enfants connaissent mieux la France et me rapprocher de maman.”
Sa femme,
“Ok mais qu’est-ce-que tu comptes faire?”
Sébastien,
“Je sais pas trop, peut-être remonter un fonds mais dans le développement durable…”
Et c’est ainsi que début 2006, avec deux enfants sous le bras, Sébastien emménage à Paris. Tout en partant à la rencontre de personnes pouvant être intéressées par son projet d’investissement, il recherche un appartement pour loger sa famille.
Il se rend compte qu’il ne peut obtenir d’informations fiables sur le marché immobilier et a l’impression de se faire rouler dans la farine après chaque visite.
Et un matin, alors qu’il sort de sa douche:
Sébastien
“Chérie, cette affaire dans le développement durable, je peux le faire mais en fait j’ai pas envie. Je vais de nouveau être frustré j’ai pas envie de rendre des comptes..”
Sa femme
“Ok mais qu’est-ce que tu vas faire?”
Sébastien
“Je ne sais pas trop mais je crois que je veux devenir entrepreneur pour de vrai.”
Sébastien se lance dans le projet “Mini Me”, une entreprise pour créer son alter ego digital afin de se découvrir soi-même et les autres. Et c’est pendant qu’il planche sur ce projet qu’il va faire une rencontre qui va changer le cours de sa carrière.
La création de MeilleursAgents
Un ancien camarade de promo
“Salut Seb, quoi de neuf avec Mini Me?”
Sébastien
“Bof, compliqué, trop futuriste”
L’ancien camarade de promo
“Écoute, j’ai pensé à toi, j’ai un copain qui est en train de monter sa boîte pour fabriquer de l’information immobilière fiable, transparente et si possible accessible à tous. Il galère avec son business plan, ça te dirait que je vous mette en contact?”
Après quelques jours le nez dans le business plan de cette future start-up, Sébastien est emballé. Il va même proposer de devenir associé.
Lui aussi a galéré pour chercher des informations fiables lors de sa recherche d’appartement, il commence à se passionner pour l’immobilier et l’internet. Il interroge ses copains capital risqueurs qui lui confirment que ce projet est une pépite.
L’associé
“En fait, ce projet, je ne veux pas le faire avec toi, je veux le faire seul…”
Mais rien ne se passe comme prévu. Au bout de six mois, alors qu’une levée de fonds se concrétise pour lancer la start-up, son associé lui annonce qu’il ne veut plus faire ce projet avec lui.
Sébastien est abasourdi, il se sent trahi, la déprime l’envahit. 15 jours plus tard, seul dans une salle de cinéma, il tente de décompresser devant le film “Caramel”.
Il fait le bilan: il a presque plus de contacts avec son ancien travail, il a deux enfants, sa femme ne travaille plus et il vient de planter 6 mois de sa vie auprès d’un associé qui l’a abandonné…
Il se laisse finalement envahir par l’allégresse du film, il rit et il se dit qu’il ne peut pas tomber plus bas professionnellement.
Sa femme
“Alors ce film ?”
Sébastien
“Tu sais quoi, ce projet je vais le faire. Différemment mais je vais le faire. Je vais monter une équipe et je vais écrire mon histoire immobilière à moi!”
Sa femme
“J’en conclus que le film était bien”
Et l’histoire commence bien. Laurent Halimi, un ami d’HEC et fondateur d’une agence immobilière, connaît le meilleur des commerciaux immobiliers de Paris : Pascal.
Créer une équipe : les premiers jalons de MeilleursAgents
Fin 2007, Sébastien s’impatiente. Cela fait trente minutes qu’il attend un certain Pascal Boulanger dans un bistrot de la rue des Dames . Sauf que Pascal est en retard et Sébastien est quelque peu tendu depuis ses déboires avec son ancien associé.
Mais la bonhomie et la bonne humeur de Pascal, qui finit par arriver, brisent la glace. Sébastien lui présente son projet, Pascal est emballé. Ils leur restent à trouver le reste de l’équipe car ni l’un ni l’autre n’ont la compétence pour créer un site internet.
Sébastien
“On peut se tutoyer Julien?
Voilà, j’ai repéré ton site Immoplaza et je trouve ton travail remarquable. Comment as-tu fait pour…oh merde, j’ai du ketchup plein la chemise”
Barbouillé de jus de tomate sur sa chemise blanche, Sébastien tente de garder son sérieux pour convaincre Julien Cheyssial, jeune ingénieur informatique de 25 ans et créateur du premier site d’annonces immobilières géolocalisées, de le rejoindre dans son équipe.
Cette explosion inattendue pose les bases de leur future collaboration: ne pas se prendre au sérieux.
Julien et Sébastien se recroisent à plusieurs occasions. Julien reste un peu méfiant, il ne sait pas trop ce que lui veut ce vieux qui, tout en essayant de l’entraîner dans son aventure, reste très mystérieux sur la nature exacte du projet. Puis Julien n’est pas seul, il a déjà un associé Jordan Sanial. Sébastien souhaite le rencontrer.
Il finit par leur envoyer un mail :
« Est-ce que cela vous dirait d’évoquer une possibilité de collaborer plus étroitement ensemble ? »
Les deux jeunes ingénieurs finissent par dire oui. Même s’ils n’ont pas trouvé grand chose sur Sébastien dans la barre de recherche Google, ils ont envie d’en savoir plus.
Sébastien
“Julien, Jordan, entrez! Pascal arrive, il sera un peu en retard, une petite habitude chez lui”
Sébastien,
“Ah c’est Pascal !”
Sébastien
“Bon avant de vous exposer de façon claire et précise le projet, je voudrais que vous signiez cet engagement de confidentialité.
Champagne? Après tout demain c’est Noël !”
Et c’est ainsi que le 23 décembre 2007, les quatre hommes signent l’accord de confidentialité. Sébastien peut alors, selon son expression, “ouvrir son kimono”: il leur présente l’intégralité du projet dans les moindres détails. Son crédo: créer la première plateforme où l’on peut consulter les prix du marché immobilier.
A la fin de la réunion, le quatuor est d’accord pour s’associer avec comme mantra “on commence ensemble, on finit ensemble”.
Les quatre associées d’âges et d’expériences différents doivent d’abord répartir le capital. Pendant 3 semaines, les discussions sont houleuses, personne n’est satisfait. Le partage n’est pas égal mais Sébastien aime à rappeler les conseils d’une amie “Comment savoir quelle est la bonne répartition du capital ? C’est celle où aucun des associés n’est tout à fait content”
Puis il faut ensuite trouver un nom à cette entreprise.
Sébastien
“Je pensais à Village Paris , Village Lyon”
Julien
“Nan mais c’est complètement ringard ton nom. Je propose Plugle , genre connecte-toi”
Sébastien,
“Ça fait pas sérieux, c’est imprononçable! Sinon, Bons Agents?”
Julien
“Mmmh niveau SEO, c’est pas top et puis c’est mou comme nom.
Plutôt Meilleurs Agents.”
Et même si Sébastien trouve le nom prétentieux, Julien ne lâche rien et MeilleursAgents remporte le brainstorming. Il faudra quelque temps à Sébastien pour se faire à ce nom et le prononcer sans baisser la voix et les yeux.
Trois mois après la création de leur société, les associés effectuent une levée de fonds auprès de business angels. Ils lèvent 700 000 euros. L’aventure peut démarrer.
Épilogue
L’informaticien
“On est en live, ON EST EN LIVE!”
Nicolas Mussat, l’informaticien vient d’appuyer par mégarde sur le bouton de lancement du site. Il est 3 heures du matin et dans 24h, le 24 septembre 2008, l’équipe sera en conférence de presse pour le lancement officiel de MeilleursAgents.
Un peu paniqué par ce lancement nocturne pas vraiment contrôlé, Sébastien reprend ses esprits, il fallait bien le lancer ce site, ils ont déjà 48 heures de retard.
En quelques semaines, ils enregistrent 10 000 visites. L’équipe peut enfin fêter le lancement avec familles et amis.
Et ça, c’est une autre histoire à vite écouter au prochain épisode.
=> Sébastien de Lafond, MeilleursAgents : difficultés et vente – Ep 2
Notes
LIVRE
ON VOIT BIEN QUE VOUS N’Y CONNAISSEZ RIEN – Editions Eyrolles
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#129 Sébastien de Lafond – MeilleursAgents – Réconcilier humanité et rentabilité
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