Le podcast sur Carlos Ghosn – Ep 1
La biographie de Carlos Ghosn – Ep 1
- 1954 : naissance de Carlos Ghosn à Porto Velho au Brésil. Ses parents sont originaires du Liban.
- 1960 : retour au Liban de Carlos
- 1978 : Diplômé de Polytechnique et Les Mines en France, il intègre Michelin
- 1981 : il devient directeur d’usine Michelin
- 1996 : à 42 ans, Carlos Ghosn débarque chez Renault avec la place de PDG qui lui est promise
- 1999 : Carlos Ghosn arrive au Japon pour redresser Nissan, rachetée par Renault. Il lance le plan Renaissance
- 2004 : le plan Renaissance est un immense succès et Carlos Ghosn devient une célébrité au Japon
- 2005: Carlos Ghosn devient PDG de Renault et revient en France
- 2011 : Carlos Ghosn renvoie 3 cadres accusés d’espionnage mais les accusations sont fausses et Carlos s’excuse publiquement
- 2015 : son salaire est de 16 millions d’euros et fait scandale même parmi les grands patrons
- 2018 : un lanceur d’alerte au Japon dénonce Carlos Ghosn en interne pour détournement d’argent
L’histoire de Carlos Ghosn résumée – Ep 1
Carlos Ghosn est né au Brésil de parents libanais. Son histoire est digne d’un roman, du sauvetage de Nissan avec Renault à son évasion du Japon dans une malle. Dans ce 1er épisode de la saga en 3 épisodes, Carlos, jeune ambitieux, débarque chez Michelin où il se taille une réputation de cost killer. Il redresse la filiale au Brésil puis celle aux États-Unis. Son ascension est fulgurante. Mais la place tout en haut est prise. C’est Louis Schweitzer, le PDG de Renault qui va le chercher avec une promesse: la place de numéro 1. Mais pour réussir, il doit redresser Nissan que Renault a racheté. Carlos s’attaque au problème pied au plancher et revoit toute la stratégie en plus de réduire les coûts. C’est un succès en moins de 2 ans. Nissan retrouve de la rentabilité, et Carlos, avec son second, Patrick Pelata, devient un icône au Japon. Même un demi-dieu. Il enchaîne les interviews, les films et même devient un personnage de manga. En 2005, il devient DG de Renault et cumule les 2 fonctions chez Nissan et Renault. Mais l’usure du pouvoir et son amour de l’argent lui font prendre des décisions litigieuses… et notamment ses salaires qui sont considérables. Ses déplacements, ses maisons sont payés par l’alliance… Le vent tourne au Japon quand il évoque la perspective d’une fusion Renault-Nissan… il devient l’ennemi à abattre. Un lanceur d’alerte envoie un message mystérieux sur le comportement de Carlos Ghosn à un auditeur interne.
Carlos Ghosn: le sauveur de Nissan – Ep 1
Une journaliste à un autre
“Hé, t’en penses quoi toi du “cost killer” français ?”
L’autre journaliste
“Il en a sous le capot mais avec Nissan il va pas rouler des mécaniques longtemps ce Gaijin.”
Carlos
“Je sais et je mesure quel effort, quel sacrifice, quelle douleur nous allons devoir subir.
Mais croyez-moi, nous n’avons pas le choix et ça en vaudra la peine.”
Derrière ses grosses lunettes, l’allure sévère, Carlos Ghosn, pèse ses mots. En ce jour du 18 octobre 1999, à l’occasion du Tokyo Motor Show, il annonce le plan d’action “renaissance” pour sauver l’entreprise automobile Nissan, véritable joyau de la fierté japonaise.
À Tokyo, devant un parterre de 300 journalistes, Carlos sait que le défi est de taille. Mais précédé de sa réputation de cost killer, l’impossible ne lui fait pas peur.
Des mesures drastiques à la démesure, de grand patron à la folie des grandeurs, je vous raconte aujourd’hui l’histoire d’un homme qui, en voulant toujours plus, a été stoppé en pleine course : Carlos Ghosn.
Dans ce 1er épisode, Carlos a une mission: sauver Nissan.
Table des matières
Carlos Ghosn, un homme de la mondialisation
Le sauveteur de Nissan et de Renault
L’usure du pouvoir et l’amour de l’argent
Épilogue : Cannes et le démarrage d’une enquête
Carlos Ghosn, un homme de la mondialisation
D’origine libanaise, c’est sous le soleil brésilien à Porto Velho que naît Carlos Ghosn en 1954. Mais le climat ne convient guère à la santé du petit garçon et âgé de 6 ans il repart avec sa famille s’installer au Liban.
A l’inverse de son père, un malfrat condamné pour meurtre et trafic de fausse monnaie, Carlos est un garçon brillant, doué pour les études. Après avoir intégré la prestigieuse école jésuite libanaise Notre-Dame de Jamhour, il poursuit ses études en France à Polytechnique puis les Mines.
En 1978, à peine diplômé, il part à Clermont-Ferrand pour travailler chez Michelin. Il gravit rapidement les échelons et à 27 ans seulement il est nommé directeur d’usine.
François Michelin
“Carlos, je vois bien que tu ronges ton frein ici. J’aurai besoin d’un homme de confiance et de ta qualité pour diriger les divisions Michelin au Brésil.
C’est le chaos là bas , faut aller faire le ménage.”
Carlos
“Je suis votre homme François!”
Rita
“Cost Killer….New York Times, The Financial, tout le monde l’affirme, tu es un vrai tueur mon amour!”
Carlos
“Moi, Rita, ce que je veux killer, c’est la première place. Mais impossible chez Michelin, j’ai pas le bon patronyme.”
Effectivement, Carlos ne compte pas arrêter la course de sa fulgurante carrière. Être numéro deux sur le podium n’a jamais été son objectif. Il se rêve en numéro un.
Sauf que chez Michelin, la place de grand patron, c’est dans la famille de sang qu’elle s’obtient.
Egon Zehnder
“Monsieur Schweitzer, c’est Zehnder. J’ai trouvé l’homme qu’il vous faut. Un certain Carlos Ghosn. Il est libano-brésilien, un polyglotte, il est à deux doigts d’obtenir le passeport français. Je l’ai déniché dans l’annuaire de Polytechnique.”
Louis Schweitzer
“Intéressant. Arrangez-moi le rendez-vous à Boulogne s’il vous plaît.”
En tant que directeur général adjoint, Ghosn redresse la situation économique du groupe grâce à une réduction drastique des coûts , sa marque de fabrique, et l’augmentation de la gamme de voitures. En 1997, Renault annonce un bénéfice de 5,4 milliards de francs. Schweitzer a trouvé son bolide!
La marque au losange a maintenant pour ambition de devenir un leader mondial de l’automobile. L’échec des négociations avec Ford pour créer une alliance quatre ans plus tôt a laissé un goût amer à Schweitzer. En 1998, il se décide à écrire à Yoshikazu Hanawa, le PDG de Nissan, un constructeur japonais positionné sur les mêmes gammes que Renault. Si l’alliance se fait, Renault met un pied en Asie, un marché dont il est le grand absent.
Le sauveteur de Nissan et de Renault
Louis Schweitzer
“Ah Carlos, entrez! Pour le Japon, je suis convaincu que vous êtes l’homme de la situation. Vos méthodes paient. Je dois signer l’accord pour l’alliance avec Nissan mais c’est avec vous qu’elle doit se faire. Si vous n’y allez pas, je ne signe pas!”
Pourtant au départ, personne, du moins au Japon, ne croyait en cette alliance. Nissan est un joyau, un emblème national. Les problèmes de Nissan sont mal acceptés, les Japonais en ont honte. Alors qu’un gaijin vienne s’en mêler, c’est dur à avaler.
Un autre employé Nissan
“Hanawa-san, pardonnez-moi, mais pourquoi avoir accepté l’alliance avec Renault ? On a du mal à comprendre comment une entreprise qui ne sait pas fabriquer des voitures peut nous racheter…”
Carlos Ghosn
“Et moi j’ai du mal à comprendre comment une entreprise qui fait d’aussi bonnes voitures peut perdre autant d’argent !”
Carlos gère les parts de Renault dans Nissan, 36,8%, puis tout en gardant son poste de directeur général chez Renault, il devient chef des opérations de Nissan. Le 18 octobre 1999, il doit donner sa première conférence de presse à Tokyo pour présenter le plan de redressement de Nissan. La pression est à son comble.
Carlos Ghosn
“Il faut revoir les méthodes. Nissan a d’excellents ingénieurs, de bonnes voitures mais un management figé qui entrave l’évolution de l’entreprise.
Nous fermerons 5 usines, nous réduirons les effectifs de 14 % des effectifs, les coûts d’achat de 20%…”
L’employé Nissan
“Monsieur Ghosn, vous vous rendez compte que ça va à l’encontre de notre culture ? L’emploi est sacré ici, quand on a un poste, c’est à vie !”
Carlos Ghosn
“Nous n’avons pas le choix et ça en vaut la peine.
Je m’engage à démissionner, ainsi que mon équipe, si en mars 2001 les objectifs ne sont pas atteints. “
Le plan “renaissance” de Nissan paie. Avec un bénéfice de 3,8 milliards d’euros en 2004, il devient l’un des groupes automobiles les plus rentables au monde. La réputation du cost killer n’est plus à faire.
Carlos Ghosn n’a pas peur de bousculer les traditions. Même le système de l’augmentation salariale est revu: fini la hausse à l’ancienneté, seuls les employés méritants pourront en bénéficier peu importe l’âge et l’arrivée dans l’entreprise.
Avec la renaissance de Nissan, s’ensuit une véritable Ghosn-mania au Japon. Carlos devient une vraie star, un vrai Tycoon, à qui l’on demande des autographes, que l’on invite sur tous les plateaux télé et qui fait la une des magazines. Il est même héros d’un manga !
Rita, la première femme de Ghosn
“Tu vois mon killer, tu es même numéro 1 dans le cœur des Japonais…
D’ailleurs t’as vu, dans ce magazine, ils disent même que tu es père idéal de l’année! Quelle consécration!”
Adoubé et adulé au Japon, Carlos commence à penser lui aussi qu’il est un demi-dieu…
L’usure du pouvoir et l’amour de l’argent
Caroline
“Papa, pourquoi la journaliste te surnomme seven eleven?”
Ghosn
“Parce que de 7 à 23h je pilote tous les dossiers. Tu sais ma chérie, pour pouvoir passer du temps en famille, j’organise mon agenda un an à l’avance!”
La tête dans le guidon de 7h à 23h, Carlos a le pouvoir qui lui monte à la tête. Après un coûteux divorce avec Rita sa première femme en 2011, l’argent devient une obsession. En 2015, Carlos perçoit 16 millions d’euros de salaire, ce qui fait même bondir le Medef. Il se met à dos les grands patrons du Cac 40 et le gouvernement Valls. Alors qu’il demande à ses employés de se serrer la ceinture et que des postes sont supprimés, l’envolée de son salaire choque l’opinion publique.
Mais Carlos s’en fiche et pour se justifier, il évoque le salaire du patron de General Motors.
En 2017, c’est au tour de Hiroto Saikawa, son bras droit chez Nissan, de se débattre avec le scandale des certificats falsifiés. Sauf que, à ce moment-là, Carlos est absorbé par d’autres préoccupations.
Carlos
“Il est où ce virement bordel ?
Je dois être à Beyrouth à la fin du mois, la villa n’est pas finie, il me faut ce virement!”
Une minuscule filiale de Nissan, Phoinos, paie les différentes maisons de Carlos aux quatre coins du monde. Une luxueuse villa à Beyrouth, un penthouse à Tokyo, un appartement à Rio avec vue sur la baie…
Carlos
“Chers amis, buvez, dansez… Au nom de Nissan, profitez de cette soirée! Je déclare ouvert le carnaval !”
Carlos prend du bon temps, tout cela au frais de Nissan. En février 2018, la soirée du Carnaval de Rio est facturée 257 872 dollars !
Carlos ne le sait pas encore mais pour Nissan, cette fusion sonne comme une déclaration de guerre.
Épilogue : Cannes et le démarrage d’une enquête
Présentateur télé
“Alors que Carlos Ghosn en smoking noir et noeud papillon gravit les marches du festival au bras de son épouse en robe vert émeraude… “
Un lanceur d’alerte
“Cher Hidetoshi Imazu, j’attire votre attention sur Monsieur Ghosn, j’ai la preuve formelle qu’il aurait falsifié les comptes Nissan avant de détourner de l’argent…”
Que se trame-t-il au Japon? Ça c’est l’histoire du prochain épisode
=> Carlos Ghosn: l’enquête et la chute – Ep 2
Notes
Le piège – Bertille Bayart (Auteur) Emmanuel Egloff (Auteur) Enquête sur la chute de Carlos Ghosn Paru le 25 septembre 2019 Essai (broché) – Editions Kero
Le fugitif – Régis Arnaud (Auteur) Yann Rousseau (Auteur) Les secrets de Carlos Ghosn Paru le 5 février 2020 Etude (broché) – Editions Stock