Le podcast sur Agnès b – Ep 1
La biographie de Agnès b – Ep 1
- 1941 : Agnès Troublé naît le 26 novembre à Versailles, en France.
- 1965 : Elle épouse Christian Bourgois, un éditeur français, et prend son nom de famille.
- 1973 : Agnès b ouvre sa première boutique de mode, appelée « Agnès b. », à Paris, située au 3 rue du Jour dans le quartier des Halles. Elle y propose des vêtements simples et élégants pour hommes et femmes.
- Années 1970 : Agnès b connaît un grand succès en créant des vêtements inspirés de la mode streetwear et du style urbain. Ses créations sont notamment portées par des célébrités telles que David Bowie et Madonna.
- 1981 : Agnès b ouvre sa première boutique à l’étranger, à New York, aux États-Unis. Elle étend ensuite sa présence internationale en ouvrant des boutiques dans des villes telles que Tokyo, Londres et Hong Kong.
- 1988 : Elle fonde la société « agnès b. » qui regroupe ses différentes activités et marques sous une même entité.
L’histoire résumée de Agnès b – Ep 1
Agnès b dit Agnès Troublé crée un empire de la mode dans les années 70. Et pourtant rien n’est simple pour cette femme des années 60.
Agnès naît en 1941 dans une famille bourgeoise de Versailles. Agneau, comme elle se fait appeler dans sa famille, est une petite fille rêveuse qui aime dessiner. Mais à l’âge de 12 ans, elle subit l’impensable, l’inceste. Pour fuir cette situation, Agnès se marie à 17 ans avec Christian Bourgois et s’installe à Paris. Après la naissance de ses 2 enfants, Étienne et Nicolas, elle quitte Christian après 2 ans.. mais la vie est dure pour cette jeune maman avec son salaire d’assistante de galerie d’art. Elle doit se battre et parfois voler même pour survivre. Au début des années 60, elle rencontre Anne Rivemale, rédactrice en chef de Elle Magazine. Après un essai, elle intègre le journal pendant 8 ans. Mais Agnès se rêve styliste et quitte le magazine pour la jeune marque Dorothée Bis. Elle y reste quelques années mais préfère son indépendance et devient styliste freelance. Elle bosse pour Cacharel et d’autres marques… mais elle veut surtout créer sa propre marque et maison. C’est la rencontre avec Jean-René de Fleurieu, qui change sa vie. Jean-René est l’homme de sa vie et celui qui la pousse à lancer sa marque. Agnès b est créée en 1973 et la première boutique lancée à Paris en 1975, rue du Jour près des Halles. Une boutique différente, une anti-boutique. Un succès monstre commence alors.
Agnès b : l’entrepreneuse rebelle – Ep 1
1960, Paris.
Agnès est encore en retard pour un dîner organisé par une de ses amies.
Elle court dans les rues avec ses escarpins… habillée d’une veste militaire et de jupons de grand-mère…
Quand elle arrive chez son amie, celle-ci rigole en la voyant arriver avec ces jupons et sa veste.
Elle lui présente alors Anne Rivemale, une amie.
Anne Rivemale
“Enchantée, je m’appelle Anne Rivemale… et je suis rédactrice en chef mode du magazine Elle ! Et vous, vous êtes …?”
Agnès Troublé
“Je m’appelle Agnès, Agnès Troublé. Je suis assistante galeriste”
Anne Rivemale
“J’adore votre façon de vous habiller, c’est quoi ce que vous portez ?”
Agnès Troublé
“C’est une veste militaire chinée dans mon quartier et un jupon acheté chez Prisunic… j’adore mélanger les styles… je m’en fous de ce que le gens disent, ça m’éclate”
Anne Rivemale
“Ahhhh
J’adore. Vous avez bien raison.
Vous me donnez une idée… Vous êtes dispo pour un café la semaine prochaine ?”
La semaine d’après, Anne Rivemale lui propose d’inventer la panoplie d’une jeune fille en vacances pour le magazine Elle. Le premier pas d’Agnès Troublé dit Agnès b dans la mode.
Le premier pas d’une femme qui bouleverse les codes de la mode.
Je vous emmène aujourd’hui sur les traces d’Agnès Troublé dit Agnès b. Une femme qui fait de la mode un outil de rébellion et qui crée un empire de la mode. Dans ce 1er épisode, Agnès Troublé doit se battre pour s’en sortir et une rencontre décisive change sa vie.
Table des matières
Rébellion et famille versaillaise
Galeriste, journaliste puis styliste
Agnès b: la marque et l’entreprise
Rébellion et famille versaillaise
Agnès Troublé naît dans une famille bourgeoise de Versailles en 1941.
Son père est bâtonnier, un amoureux de l’art et sa mère, femme au foyer et fille de militaire.
Mais ses parents ne sont pas heureux en couple et Agnès, 2e enfant d’une famille de 4 est proche de son père. Un homme joyeux qui chante dans le chœur de l’opéra de Paris et passionné de musique.
Agnès, que tout le monde appelle “Agneau” adore le dessin, elle passe ses journées à dessiner. C’est une petite fille timide mais décidée.
Son père l’initie très tôt à l’art notamment quand il l’emmène dans ses voyages en Italie où elle découvre les tableaux de Botticelli.
Pourtant, c’est un drame qui forge son caractère, un drame inavouable.
1957, Versailles – Maison des Troublé, chambre d’Agnès
Oncle d’Agnès
“C’est pas possible, tu ne vas pas te marier ! Tu as à peine 16 ans !!!! Et moi ???”
Agnès
“Non mais tonton, tu dis n’importe quoi ! C’est ma vie…”
Oncle d’Agnès
“Et nos moments à 2 ? Qu’est ce que je vais devenir sans toi ?
C’est pas possible !!!
Je t’aime Agnès !”
Puis sans dire un mot de plus, l’oncle sort de la chambre, descend les escaliers et passe devant la cuisine où se trouve la mère d’Agnès. Il la salue rapidement.
Puis Agnès, effondrée, court dans la cuisine et se jette sur sa mère:
“Vous ne vous rendez pas compte, depuis que j’ai 12 ans il est après moi, et vous n’avez rien vu, rien entendu”
Maman d’Agnès
“Oh mais c’est abominable, épouvantable”
Puis elle se remet à touiller sa sauce… comme si de rien n’était.
Agnès claque la porte et monte dans sa chambre en pleurant.
Agnès depuis 12 ans subit les caresses, les approche de son oncle âgé de 45 ans et dans l’indifférence familiale finit par se marier pour échapper à cet oncle.
Son mari, rencontré en vacances, c’est Christian Bourgois. Celui qui lui permet de s’échapper de son carcan familial.
Elle s’installe à Paris à 18 ans et arrête ses études… alors qu’elle étudie à l’école des beaux-arts.
Son mari, éditeur, lui fait découvrir toute une élite intellectuelle parisienne… mais Agnès ne sent pas admise par la famille Bourgois et la vie de “femme de”, l’ennuie.
Juste après la naissance de ses jumeaux, elle divorce en 1961. Elle a 20 ans et aucun revenu. Mais beaucoup de courage.
Galeriste, journaliste puis styliste
1965, Bon Marché
Agnès fait ses courses pour habiller ses enfants et ce samedi matin, elle est dans la cabine avec ses 2 fils de 5 ans.
Agnès
“Bon Étienne, enfile ce pantalon
C’est parfait Étienne
On va prendre le même pour Nicolas”
Puis alors qu’elle sort pour payer ses pantalons, elle cherche quelques minutes les caisses puis dit:
“Bon, les jumeaux, on y va.”
Elle sort sans payer… devant le regard étonné de ses enfants.
Pour Agnès, la jeune divorcée, la vie est difficile avec ses jumeaux. Son ex mari lui paie le loyer d’un minuscule appartement sans ascenseur mais pour le reste, elle doit se débrouiller seule dans ces années 60 où le divorce est mal vu.
La jeune fille mère est d’abord assistante dans une galerie d’art puis fait une rencontre en 1960 qui change sa vie.
Anne Rivemale
“J’adore votre façon de vous habiller, c’est quoi ce que vous portez ?”
Agnès Troublé
“C’est une veste militaire chinée dans mon quartier et un jupon acheté chez Prisunic… j’adore mélanger les styles… je m’en fous de ce que le gens disent, ça m’éclate”
Anne Rivemale
“Ahhhh
J’adore. Vous avez bien raison.
Vous me donnez une idée… Vous êtes dispo pour un café la semaine prochaine ?”
Lorsque les 2 femmes se revoient quelques semaines plus tard, Anne Rivemale, rédactrice en chef mode du magazine Elle, lui demande d’inventer la panoplie d’une jeune fille en vacances d’aujourd’hui.
Agnès se met au travail et lui dessine un jeu de cartes à l’aquarelle avec des hauts et des bas interchangeables.
Anne Rivemale l’embauche sur-le-champ comme rédactrice junior au journal.
Elle y passe 8 ans… mais se fait aussi un nom ou plutôt un prénom.
Journaliste
“Agnès !!! On doit envoyer à l’imprimerie le journal demain… j’ai besoin que tu me dises avec quel nom tu signes ton article”
Agnès
“Euhh… je n’y ai pas pensé
Agnès Bourgois
Ah non… je n’ai pas envie de mettre mon nom de femme mariée
Vas-y, mets Agnès b”
Journaliste
“Agnès b ?”
Agnès
“Oui, ça fait “faits divers”… j’aime bien”
Agnès b est née.
La styliste aussi car après plusieurs années à écrire sur la mode, Agnès ne rêve que d’une chose: dessiner et faire des vêtements.
Elle rejoint alors en 1968 Dorothée Bis où elle dessine pour cette jeune marque avant-gardiste de nombreux vêtements.
Le couple Jacobson, Élie et Jacqueline emploient alors d’autres jeunes stylistes talentueux comme Karl Lagerfeld.
Mais Agnès se sent vite à l’étroit dans cet environnement… elle veut toujours de la liberté. Elle décide alors de devenir styliste indépendante. Le problème est qu’elle ne gagne de l’argent que si les pièces sont vendues.
C’est une rencontre amoureuse qui lui donne le courage de se lancer au début des années 70.
Agnès b: la marque et l’entreprise
Agnès b n’est qu’une styliste parmi d’autres en ce début des années 70. Elle gagne difficilement sa vie malgré le succès de certaines de ses créations.
Ses jumeaux ont bien grandi mais la styliste ne sent pas encore reconnue pour ses créations.
Des créations dont elle connaît le potentiel. Des pièces intemporelles et solides qui résistent à l’épreuve du temps.
1973 est l’année où tout change, notamment dans l’appartement de sa sœur un soir de juin.
Soeur de Agnès
“Hello Agnès !!! ça va ?
Tu as fait quoi de Philippe ?”
Agnès
“Il est resté à la maison avec Ariane… elle n’a que 6 mois et Philippe ne veut pas de baby-sitter”
Soeur de Agnès
“Viens t’asseoir avec nous… on va commencer le dîner
D’ailleurs je te présente Jean-René de Fleurieu qui est publicitaire”
Agnès se retrouve devant un homme au regard intense qui la regarde.
Elle tombe sous le charme immédiatement.
Jean-René
“Enchanté Agnès »
C’est une véritable passion entre les 2 et Agnès qui vient juste d’avoir sa fille Ariane avec son 2e mari se sépare puis se remarie avec Jean-René.
Jean-René est surtout celui qui lui donne confiance et crée avec elle, le projet Agnès b.
Pour la première fois depuis son drame familial, elle a vraiment confiance en un homme.
Jean-René, son double. Il a 23 ans et elle 32.
Il comprend et voit le talent d’Agnès.
“Agnès a été une épiphanie dans ma vie. Elle adorait dessiner et avait énormément de talent, mais exercer ce travail chez les autres à l’époque n’accordait pas de reconnaissance.”
La même année, ils créent officiellement la griffe et l’entreprise Agnès b.
Le couple veut aller plus loin et rêve maintenant de lancer sa propre boutique dans Paris. Les parents du couple, acceptent de leur prêter de l’argent en 1975…400 000 euros.
Ils dégotent alors une ancienne boucherie près des Halles de Paris, Aux Jambons de France, qu’ils achètent à bas prix.
C’est ici qu’ils feront leur première boutique, rue du jour.
“Jean-René, imagine un lieu où on écouterait du rock, on parlerait de politique et on vendrait des vêtements ? C’est ça que je voudrais pour ma boutique…
Tu vois, une sorte d’anti-boutique”
Agnès fait 2 boulots. Le jour, elle est styliste freelance pour des marques et le soir et le week-end, elle nettoie sa future boutique et prépare ses vêtements.
Enfin, elle peut réaliser son rêve. Exposer SES vêtements.
La boutique se couvre d’affiches de réalisateurs de la nouvelle vague du cinéma, des graffitis remplissent les carreaux blancs de l’ancienne boucherie, les vêtements ne sont pas affichés en vitrine mais suspendus sur des crochets de boucher…
Ce lieu est à la fois un bureau, un atelier mais aussi un espace d’expression et surtout de rencontres. Ils installent même des oiseaux dans la boutique qui font leur nid.
Tout est donc prêt en décembre 1975.
Boutique et décollage
C’est le magazine Elle qui en décembre 1975 titre:
“Une page est en train de se tourner dans la mode avec le concept d’anti-boutique d’Agnès b. Un concept loin de la mode traditionnelle qui vous donne envie de vivre autrement”.
Puis c’est Marie-Claire qui parle de ce nouveau magasin rue du Jour… en quelques semaines, la clientèle afflue.
Les gens font la queue devant le magasin pour rentrer.
Car la boutique Agnès b est plus qu’un lieu pour acheter des vêtements c’est un lieu pour se rencontrer… Les cabines d’essayages sont collectives.
Le bouche-à-oreille fait le reste.
Les crocs de bouchers qui servent de cintres et la décoration vintage fascinent les parisiens.
Une marque est née.
Mais au-delà de la boutique, ce sont aussi des vêtements… des vêtements intemporels.
Des vêtements qu’Agnès crée sur un coup de tête comme ce jour de 1979 dans la boutique.
Agnès
“J’en peux plus de mon sweat blanc… je crois que je fais une overdose…”
Jean-René
“Tu n’as qu’à le jeter… c’est l’occasion de changer”
Agnès
“Non…. attends”
Elle se lève et enlève son sweat.
Puis, en soutien-gorge, elle prend une paire de ciseaux et d’un coup, coupe le sweat au milieu.
« Regarde, Jean-René, ce qu’on peut faire… on va faire une pièce avec ce sweat… on rajoute des boutons pressions et on a un cardigan. »
Jean-René s’arrête quelques instants.
« Mais qu’est-ce que tu fais ?
C’est radical »
Le cardigan à pression est né.
Une pièce iconique qu’Agnès b vend pendant plus de 40 ans, une pièce qu’elle fera dans toutes les matières, toutes les tailles.
C’est ça Agnès b, de la simplicité et de beaux vêtements bien taillés et coupés.
Des classiques du quotidien revisités : vestes, salopettes, t-shirts basiques, ballerines… Elle crée aussi sa 2e pièce phare : le t-shirt rayé
Le succès est au RDV, les ouvertures de boutiques s’enchaînent d’abord à Paris puis à New-York en 1980 et au Japon en 1984.
Agnès b devient une multinationale en à peine 10 ans !
Les défilés Agnès b deviennent des événements à part entière, démarrés dans son salon en 1979, ils font désormais l’actualité de Paris à New York.
En 1981, Agnès lance une ligne homme puis une ligne pour les enfants et bébés. Mais le plus gros changement vient en 1986.
Épilogue
Paris, rue du jour, siège d’Agnès b – 1986
Agnès
« Bonjour à tous et à toutes !
Je suis fière de vous dire qu’aujourd’hui c’est Étienne qui prend la suite pour diriger Agnès b.
Étienne a 1 qualité et 1 défaut.
Le défaut, il est mon fils
La qualité, il connaît parfaitement la maison, il a commencé à travailler ici à 19 ans et il a fait tous les métiers… »
Étienne
« Merci Agnès
Je suis fier de porter les valeurs d’Agnès b et d’aider cette belle marque à se développer.
Merci aussi à Jean-René pour tout son travail.
Agnès b n’en est qu’au départ d’une belle aventure. Il nous reste tant de choses à faire… »
Et ça, c’est une autre histoire à vite écouter au prochain épisode.
=> Agnès b : surmonter la crise – Ep 2
Notes
LIVRES
Les années agnès b. – Olivier Faron et William Chopin – L’observatoire EDS de
https://podcasts.apple.com/fr/podcast/habitudes-52-agn%C3%A8s-b/id1459885666?i=1000553908287
ARTICLES
https://www.capital.fr/entreprises-marches/la-branchitude-perdue-d-agnes-b-467307
https://www.vanityfair.com/news/2011/09/agnes-b-201109
https://www.marieclaire.fr/interview-agnes-b,1355921.asp
https://blogs.mediapart.fr/lincunable/blog/110410/mais-qui-est-donc-agnes-b
https://www.liberation.fr/futurs/1995/09/19/au-japon-agnes-rit-et-chantal-pleure_143654/
VIDÉOS
Portait d’Agnès B. I La Dernière Grande Dame De La Mode Française
L’ Interview : « agnès b. » – Stupéfiant !
agnès b – documentaire