Oprah Winfrey: la femme noire d’Amérique la plus puissante

Oprah Winfrey est une enfant de l’Amérique. Violée à l’âge de 12 ans, elle transforme son passé en devenant la plus grande influenceuse avec son show: The Oprah Winfrey Show.

Le podcast sur Oprah Winfrey

La biographie d’Oprah Winfrey

  • 1954 : Oprah Gail Winfrey naît le 29 janvier 1954 à Kosciusko, dans le Mississippi, aux États-Unis.
  • Années 1970 : Oprah Winfrey commence sa carrière dans les médias en tant que présentatrice de nouvelles à la station de télévision WVOL à Nashville, Tennessee.
  • 1976 : Oprah Winfrey rejoint la station de télévision WJZ-TV à Baltimore, Maryland pour coprésenter les informations de six heures.
  • 1978 : Oprah Winfrey devient co-animatrice de l’émission de nouvelles « People Are Talking ».
  • 1983 : Winfrey déménage à Chicago pour co-animer « AM Chicago », une émission de talk-show matinale, qui sera plus tard renommée « The Oprah Winfrey Show ».
  • 1986 : « The Oprah Winfrey Show » devient un succès national et est diffusé dans plus de 100 marchés aux États-Unis. Oprah Winfrey fonde Harpo Studios, sa propre société de production, et signe un contrat de syndication pour « The Oprah Winfrey Show » avec King World Productions.
  • 1993 : Oprah Winfrey crée Harpo films, filiale d’Harpo Studios.
  • 2000 : Oprah Winfrey lance en avril 2000 “O”, The Oprah Magazine.
  • 2011 : « The Oprah Winfrey Show » prend fin après 25 ans de diffusion, laissant derrière elle un héritage comme l’un des talk-shows les plus influents de l’histoire de la télévision.
  • 2019 : Elle publie ses mémoires intitulées « The Path Made Clear: Discovering Your Life’s Direction and Purpose ».

L’histoire résumée d’Oprah Winfrey

Oprah Winfrey est une enfant de l’Amérique. Et pourtant sa vie commence comme un roman noir. Élevée par sa grand-mère, elle apprend vite et fait même des discours à l’église. La jeune Oprah est douée à l’oral. Mais sa vie prend un tournant dramatique quand elle est violée par oncle et cousin à l’âge de 12 ans. Elle tombe même enceinte et accouche d’une fille qui meurt. Cette expérience d’une violence inouïe lui permet de repartir de zéro. Elle s’installe chez son père, Vernon, et va à l’université où elle fait merveille. Elle est populaire et gagne des concours d’éloquence. Puis elle démarre à la TV afro-américaine locale, WVOl. Puis elle est lancée elle accepte un poste de co-présentatrice du journal télévisé de Baltimore puis 6 ans plus tard, Oprah se retrouve à Chicago. Le WJZ-TV, la chaîne locale, vient de l’engager pour animer un talk show d’une demi heure. Et c’est l’explosion. Elle fait des scores d’audience inégalés puis finit par lancer un show national avec des stars. Le Oprah Winfrey Show va durer plus de 20 ans. 

Et faire d’Oprah, une millionnaire puis une milliardaire. Elle enchaîne avec le cinéma, les magazines et crée son studio de production: Harpo Studios. Oprah sait interviewer les personnes avec talent qu’ils soient connus ou pas. Elle fait de son histoire, un modèle pour tous. Elle devient la plus grande influenceuse en mal d’une figure tutélaire.

Oprah Winfrey: la femme noire d’Amérique la plus puissante

14 avril 1986 – Chicago – Illinois

À ce moment précis, Oprah se tourne vers le serveur pour lui demander de rapporter une assiette de beignets de crabe et un verre de blanc bien frais. La pétillante trentenaire ne fait pas attention à son interlocuteur en train de griffonner quelque chose sur une serviette de table. C’est d’autant plus amusant qu’elle a en face d’elle Roger Ebert, critique reconnu et animateur télé pour King world production. 

« Oprah, revenons à notre  proposition pour votre show télé. Chez King world production, ils sont sûrs que vous pouvez faire plus que Donahue en terme d’audience ! » 

« Roger, c’est très flatteur, mais ils sont prêts à aller jusqu’où ? » 

Roger Ebert ne répond pas. Sa main droite se pose sur la serviette en papier qu’il pousse doucement vers Oprah.

Celle-ci quitte un instant son assiette de crabe pour regarder le chiffre inscrit dessus. Oprah a toujours été bonne à l’école et le calcul mental est vite fait. King world production lui propose 40 fois plus que ce qu’elle gagne actuellement.

« Banco, Roger, banco, je pars avec vous ! » 

Je vous emmène aujourd’hui, sur les traces d’Oprah Winfrey, l’impératrice du talk show à l’américaine, la femme qui, en prenant la parole, l’a distribuée au monde pour en faire une société meilleure et par la même occasion a fait d’elle la noire américaine la plus puissante d’Amérique.

Table des matières

Le pays de Canaan

Les débuts d’une étoile

Oprah herself, Oprah success

L’argent de la réussite et non réussir par l’argent

Le style fait la femme

Épilogue – Birth of a nation child 

Le pays de Canaan

« Retournez chez vous, mes filles. Je ne porte plus de fils qui pourraient un jour devenir vos époux. Oui, partez, mes filles. Car je suis trop vieille pour me marier de nouveau. Et même si j’avais l’espoir, cette nuit même, de coucher avec un homme et de concevoir des fils, comment pourriez-vous attendre jusqu’à ce qu’ils aient grandi ? »

Une fois de plus la petite Oprah vient de réciter sans faute un passage de la bible. Sa grand-mère qui l’élève regarde avec fierté Oprah dont le nom est une déformation d’Orpah, la belle sœur de Ruth dans l’ancien testament.

Oprah Winfrey est la fille d’une femme de ménage et sans doute d’un militaire américain. Une histoire qui se termine la nuit même où elle a commencé. La mère d’Oprah confie alors cette dernière à sa propre mère.

La grand-mère d’Oprah la fait marcher à la baguette – littéralement. La famille est pauvre et, petite, il arrive à Oprah de se promener dans une robe fabriquée dans un sac de pommes de terre. Une tenue propre à lui attirer les moqueries des autres enfants.

Malgré la pauvreté et la violence, Oprah est une très bonne élève à l’école. La petite Winfrey sait lire avant trois ans grâce à sa grand-mère.

À six ans, changement de décors : Oprah retourne chez sa mère à Milwaukee dans le Wisconsin.

« Comment t’appelles-tu ? » 

« Oprah, madame. » 

La femme qui vient de poser la question à Oprah toise la petite fille de haut en bas. Helen, la colocataire de sa mère, est une grande brune anguleuse au teint aussi clair qu’une blanche. Elle regarde, à ce moment-là, la petite fille avec une morgue infinie.

« Très bien Oprah, je suis désolée de te l’annoncer mais tu ne pourras pas dormir dans la maison avec ta maman. C’est une maison propre qui ne souffrira pas d’une petite négresse comme toi, tu dormiras dans l’appentis dehors. »

Les mots prononcés sont d’autant plus durs qu’ils viennent d’une métisse qui tire son arrogance de sa peau presque blanche. 

Oprah baisse la tête, remue la langue dans sa bouche sans rien dire et sort dehors. Elle vient de prendre de front la violence du racisme américain.

Trois ans plus tard, c’est à la violence sexuelle qu’elle est confrontée. Confiée par sa mère à son oncle et des cousins, elle est violée. À plusieurs reprises et ce jusqu’à l’âge de quatorze ans où elle se retrouve enceinte. 

À ce moment-là, sa mère déclare en avoir assez de ses frasques et veut l’envoyer en maison de correction. Faute de place, l’adolescente se retrouve chez son père où elle accouche d’un bébé qui meurt dans le plus grand secret quelques semaines plus tard.

Une enfant qu’elle nomme Canaan, comme nouveau territoire ou nouvelle vie.

Toute la force d’Oprah est là, dans la résilience. 

Malgré la violence, elle continue d’être une élève assidue et douée à l’école. Idem pour l’église où elle fait des discours remarqués. Un jour, elle touche même 500 dollars pour un discours. Ce jour-là sa vocation est faite : elle sera payée pour parler et payée pour porter la parole de ceux qui ne l’ont pas. 

Des années plus tard, elle répondra même comme un ultime acte de résilience à quelqu’un qui lui reproche de trop mettre en avant les homosexuels : 

« Vous savez de quoi je suis fatiguée ? Je suis fatiguée des hommes hétérosexuels violents et sodomisant des jeunes filles. C’est de ça que je suis fatiguée. » 

Oprah n’a pas encore ce répondant, à ce moment-là, elle est juste une jeune étudiante.

Oprah Winfrey: la femme noire d’Amérique la plus puissante

Les débuts d’une étoile 

Que ce soit chez son père ou chez sa mère, Oprah reste une élève douée et entreprenante. Son père Vernon a d’ailleurs mis la priorité sur l’éducation de sa fille. Oprah dépasse tous les espoirs que – ceux qui voulaient bien –  ont mis en elle. 

L’élève brillante se révèle aussi une jeune fille au leadership affirmé. Élue Most Popular Girl de son lycée, elle affirme de plus en plus sa personnalité.

Elle se classe seconde au concours national d’art dramatique et remporte par la suite un concours d’éloquence qui lui permet d’aller étudier à l’Université du Tennessee.

Université où elle continue de présenter le journal télévisé d’une station afro-américaine locale WVOl, comme elle le fait depuis sa dernière année de lycée.

Oprah s’épanouit sous les feux de la rampe. L’enfant qui interviewait les animaux dans la cour de sa grand-mère est de retour. 

Cette dernière ne se lasse pas de raconter comment sa petite fille passait ses après-midi à jouer et à parler avec les corbeaux et ses poupées de maïs à l’âge de six ans.

« Bonjour monsieur le corbeau, merci d’être venu sur notre barrière, aujourd’hui. » 

« Croa, croa, croa, croa » 

« Vous êtes bien mal habillé avec votre sac de pommes de terre » 

« Croa, croa, croa, croa » 

« Mais comme je suis gentille, voilà une poupée de maïs à manger ! » 

« Croa, croa, croa, croa » 

Pour Oprah, sa grand-mère, malgré sa violence reste la femme qui l’a encouragée à parler en public et à se mettre en avant.

C’est cette assurance qui permet à Oprah de s’affirmer à la télévision locale de Nashville. Elle est la plus jeune présentatrice de journaux et la première femme noire présentatrice de la chaîne locale. Sa carrière est désormais lancée.

En 1976, elle accepte un poste de co-présentatrice du journal télévisé de Baltimore avant de se retrouver rétrogradée. Mais c’est trop tard, Oprah a pris confiance en elle et sait qu’elle fera de la télévision son métier.

Six ans plus tard, Oprah se retrouve à Chicago. Le WJZ-TV, la chaîne locale, vient de l’engager pour animer un talk show d’une demi heure.

Il ne lui faut que quelques mois pour faire exploser les audiences. L’émission dans le bas du classement à son arrivée se retrouve à caracoler en tête d’audience quelques mois plus tard.

Alors quand Roger Ebert lui propose 40 fois ce qu’elle gagne pour rejoindre King World production, il sait ce qu’il fait.

L’émission est rebaptisée The Oprah Winfrey Show et passe d’une demi-heure à une heure.

Après l’arrivée de Winfrey à la barre, l’émission dépasse Donahue sur Chicago, l’émission de débats emblématiques de Phil Donahue.

Ce n’est pas étonnant car Oprah ambitionne de recevoir les plus grands, et ce, dès le début.

Elle ne se fixe pas de barrière et pour la première nationale du Oprah Winfrey Show, elle invite Don Johnson, l’acteur emblématique de la série Miami Vice.

« Oprah, tu vas être déçue, on a la réponse de Johnson, c’est non !  Même national, notre show est trop petit pour lui. » 

« Hum, Roger, ça ne m’étonne pas, j’ai eu l’intuition cette nuit que ça ne marcherait pas…  » 

« Il faut qu’on trouve une autre star » 

« Roger, les stars sont des gens comme les autres. J’ai réfléchi, je ne veux pas de stars à tout prix. Le Oprah Winfrey Show parlera de tout le monde et à tout le monde. Il y aura autant de stars que d’individus lambdas. Tout le monde est appelé à être une star un jour. »

Tout le monde, y compris Oprah, qui va devenir bientôt une plus grande star que ses invités.

Oprah Winfrey: la femme noire d’Amérique la plus puissante

Oprah herself, Oprah success

« C’est ainsi que se termine la 39e édition des Primetime Emmy Awards, merci à tous et à l’année prochaine. »

Oprah assise à sa table savoure sa victoire. Elle a battu à plate couture Phil Donahue, le célèbre animateur dont l’émission est en concurrence directe avec l’Oprah Winfrey Show.

« Oprah, Oprah ! »

Quand Oprah se retourne, elle ne peut que reconnaître ce casque de cheveux blanc et ses lunettes qui lui mange le visage. Phil, son rival –  la presse parle même de son ennemi – est en face d’elle un grand sourire aux lèvres. Il ne laisse pas à Oprah le temps de réfléchir et se jette sur elle.. pour l’embrasser

« Tu le mérites, tu le mérites, tu le mérites ! » 

Pour Oprah c’est plus qu’une consécration, c’est l’un des plus beaux moments de sa vie.

Il faut dire que le style d’Oprah est unique en son genre. Donahue a amené une nouveau souffle au talk show avec certaines techniques qu’Oprah n’a pas hésité à reprendre. Mais cette dernière possède un panel de talents assez incroyables.

L’éditorialiste anglais Howard Rosenberg parle d’elle comme d’un “menu complet” :  très sympathique, attendrissante, effrontée, forte, dynamique, aimable, émouvante, tendre, terre-à-terre, vorace.

Oprah est tout cela et plus encore. Mais surtout elle s’affiche comme la reine des “confesseuses”, passant ses invités à la moulinette de son empathie et de son humour. Elle sait aussi se livrer dans ses propres émissions,  comme lorsqu’elle avoue – alors qu’elle interviewe quatre mères toxicomanes en 1995 – avoir fumé de la cocaïne pendant un long moment.

Oprah se met à la hauteur de ses invités avec une intelligence et une humilité désarmante. Inconnu ou star, elle traite tout le monde sur le même pied d’égalité. Même Michael Jackson ce jour de 1993 se retrouve sous le feu de ses questions. 

« Michael, pourquoi avez-vous la peau qui blanchit au fur et mesure des années ? Est-ce que vous n’aimez pas être noir ? » 

« C’est un problème médical de dépigmentation de la peau, c’est quelque chose que je ne maîtrise pas. » 

Un peu plus tard, elle ose même.

« Êtes-vous vierge ? » 

« Je suis un gentleman » 

La force d’Oprah est de poser les questions que tous les américains se posent. Cette interview va devenir l’une des plus regardées dans l’histoire de la télévision américaine avec cent millions de spectateurs.

Des interviews, comme ça, il y en aura d’autres. L’Oprah Winfrey Show va afficher complet pendant 20 ans avec les plus grandes stars et les plus grandes révélations.

Tout le monde parle à Oprah et Oprah parle à tout le monde.

« Hey Tom, merci d’être venu ! » 

Tom Cruise n’a pas le temps de réagir qu’il est déjà englouti dans les bras d’Oprah !

« Oprah, merci mais c’est tellement normal d’être là aujourd’hui ! » 

« Tom, ton amour est un cadeau. Mais je vais te dire quel est mon véritable cadeau. Un jour j’ai reçu un mot incroyable d’une personne du Michigan : “Oprah, te regarder être toi-même me donne envie d’être encore plus moi-même. » 

Tom sourit avant de voir Oprah disparaître pour présenter le dernier épisode de The Oprah Winfrey Show.

Un adieu en présence de 13 000 personnes et d’un parterre de stars inégalé : Aretha Franklin, Tom Cruise, Stevie Wonder, Beyoncé, Tom Hanks, Will Smith et Madonna. 

Le show va atteindre sa meilleure audience en 25 ans mais surtout il marque pour Oprah une étape importante.

Elle va devenir la première milliardaire noire américaine.

Oprah Winfrey: la femme noire d’Amérique la plus puissante

L’argent de la réussite et non réussir par l’argent

Oprah n’a pas attendu la fin de son show pour entreprendre. Au contraire, dès 1986 elle crée pour produire son émission, Harpo Studios sa propre maison de production.

« Roger, pour produire mon show j’ai pensé à monter ma maison de prod, Harpo studios. Tu penses quoi du nom ? » 

« Harpo ? Comme le personnage muet des Marx Brothers ? » 

« Non, mon dieu non !  Harpo comme Oprah à l’envers ! » 

Dès le début, Oprah impose sa marque partout, la jeune millionnaire de 32 ans a conscience de l’importance de son image et de ce qu’elle peut faire avec.

Si son talk show lui rapporte énormément d’argent, elle sait aussi multiplier les interventions extérieures dans le monde du spectacle.

Actrice pour Spielberg dans La Couleur Pourpre, elle est aussi capable de présenter les gigantesques show de Michael Jackson ou d’apparaître en parallèle de son show dans l’émission du dimanche soir de CBS : 60 minutes. 

En 1993, elle crée Harpo films, filiale d’Harpo Studios. Sa société produit d’abord pour le réseau ABC avant de signer un accord exclusif avec HBO fin 2008. Par ce biais, elle sort de nombreux téléfilms et films qui contribuent largement à sa fortune.

Oprah est partout, télévision ou presse écrite. Elle fonde en avril 2000 “O”, The Oprah Magazine. Un magazine que Fortune classe dès 2002 comme la plus prospère des start-up de l’industrie des magazines. 

O dure 20 ans.

Entre-temps, Oprah publie aussi des livres et se lance sur internet avec Oprah.com.

Tout ce que touche Oprah devient de l’or. Certaines années elle gagne plus de 200 millions de dollars.

« Hello Mike, excusez-moi pour le bruit, je suis dans ma cuisine en train de me faire  quelque chose à manger. Vous avez encore des questions pour boucler votre article ? » 

« Oui Oprah, vous avez gagné beaucoup d’argent. Vous êtes la première milliardaire afro-américaine de l’histoire. Quel est votre rapport à l’argent ? » 

« Écoutez Mike, dans tout ce que j’ai fait dans la vie, ce que j’allais gagner était toujours la chose la moins importante. »

Oprah sait gagner de l’argent mais ce qu’elle aime par-dessus tout c’est influencer le monde. 

Et quarante ans après ses débuts, Oprah reste capable des plus grands coups médiatiques.

Oprah Winfrey: la femme noire d’Amérique la plus puissante

Le style fait la femme

« Durant ces mois pendant que j’étais enceinte, nous avons commencé à évoquer le fait que notre fils ne bénéficierait pas de protection rapprochée et il y a eu aussi des inquiétudes et questions autour de la peau de notre fils à la naissance. »

« Quoi ? » 

Oprah ne retient pas son étonnement face à la révélation que lui fait Meghan Markle, la femme de Harry, petit fils de la reine d’Angleterre. Lors de cet interview, le couple avoue à mots à peine couverts que la famille royale est raciste.

Tout le style d’Oprah est là : un savant mélange entre confessions intimes et business. Le business d’abord, Oprah  a vendu l’interview à CBS entre 7 et 9 millions de dollars.

Les confessions, ensuite, avec une interview qui oscille entre confidences légères et révélations houleuses. Le style thérapeutique d’Oprah joue à plein, ce que le Wall Street Journal a appelé l’Oprahfication. La confession publique comme thérapie. 

On est bien loin du style de Phil Donahue, pour Oprah ce qui compte c’est de créer du lien, de connecter les énergies : entre elle et ses interviewés et elle et son public.

Le paradoxe d’Oprah est qu’elle ne cherche pas le scandale pour le scandale mais plutôt qu’elle veut – à travers ses relations avec les gens – rendre le monde et chaque personne dans le monde meilleur. 

Une grande question hante Oprah. Elle la pose dans son livre sorti en 2019 : The path made clear (le chemin fait la clarté). 

« Quel est ton but dans la vie ? » 

Pour elle, son but affirmé est d’aider les autres. Oprah partage son argent depuis qu’elle en gagne. Dès 2004, elle apparaît comme l’une des 50 américaines les plus généreuses. Titre qu’elle conserve jusqu’en 2010. 

Il est trop long d’énumérer les multiples actions caritatives d’Oprah. Mais il serait injuste de ne pas parler du Oprah Winfrey Leadership Academy for Girls à Henley on Klip, en Afrique du Sud. Une école pour jeunes filles fondée à la suite d’une rencontre avec Nelson Mandela. Une école qui lui permet de répondre à ceux qui lui demandent pourquoi elle n’a pas eu d’autres enfants que sa fille décédée. 

« Je n’ai jamais eu d’enfants, je n’ai jamais même pensé que j’aurais des enfants. Maintenant j’ai 152 filles, et j’en attends 75 de plus l’année prochaine. » 

Une chose est sûre, Oprah est une enfant de l’Amérique.

Oprah Winfrey: la femme noire d’Amérique la plus puissante

Épilogue – Birth of a nation child 

« En 1964, j’étais une petite fille assise sur le sol en linoléum de la maison de ma mère à Milwaukee… » 

C’est par ses mots qu’Oprah entame son discours aux Golden Globes où elle vient d’être récompensée pour l’ensemble de son œuvre. 

En commençant son discours en parlant d’elle, de son enfance, Oprah sait très bien ce qu’elle fait. Elle s’inscrit comme une enfant de l’Amérique. Une enfant parti de moins que rien et qui a réussi, malgré tout.

Oprah est l’enfant du rêve américain. Celle qui malgré ses traumatismes, les violences et la pauvreté va réussir.

Cette réussite, chaque américaine où américain peut la voir chaque jour, la toucher du doigt.

La puissance d’Oprah est là. Elle n’a jamais quitté les siens. 

Plus Oprah grandit, plus elle se rapproche de la petite fille qui regardait au-delà de la cour de la ferme de sa grand-mère.

Si Oprah ne sera jamais grand-mère, elle est comme dit l’actrice Roseanne “la déesse mère africaine de nous tous”.

Une déesse prolifique dans le show comme dans le business.

Une déesse qui inspire chaque jour des femmes et des hommes qui demain transformeront le monde.

Et ça c’est une autre histoire.

Oprah Winfrey: la femme noire d’Amérique la plus puissante

Notes

Livre – Oprah Winfrey – The Biography – University Press

Oprah Winfrey – A biography – Helen S Garson

https://fr.wikipedia.org/wiki/Oprah_Winfrey

https://www.lofficiel.com/pop-culture/5-curiosites-sur-la-fortune-de-oprah-winfrey

https://www.monde-diplomatique.fr/mav/101/HALIMI/16324