Comment Stanislas Niox-Chateau, bègue et champion de tennis a fondé Doctolib ?

Stanislas Niox-Chateau est un entrepreneur qui a une revanche à prendre sur la vie: il est bègue et il a échoué à devenir un sportif professionnel. Mais il est travailleur et acharné. C’est avec ces qualités qu’il a créé Doctolib, la plus belle startup en France.

Le podcast sur Stanislas Niox-Chateau

La biographie de Stanislas Niox-Chateau

  • 1987 : Stanislas Niox-Chateau naît à Paris, en France.
  • 1999 : Stanislas Niox-Chateau remporte  l’Open international des jeunes de sa catégorie.
  • 2004 : Stanislas Niox-Chateau met fin à sa carrière de tennisman suite à une blessure grave.
  • 2006 : Stanislas Niox-Chateau obtient son baccalauréat et poursuit ses études supérieures à HEC Paris, l’une des écoles de commerce les plus prestigieuses en France.
  • 2010 : Stanislas Niox-Chateau rejoint le fonds Otium Capital et participe au conseil de la start-up La Fourchette, une plateforme de réservation de restaurants.
  • 2013 : Stanislas Niox-Chateau lance le site Doctolib pour prendre des rendez-vous médicaux en ligne.
  • 2014 : Doctolib travaille avec 1500 professionnels de santé et quinze établissements privés.
  • 2018 : Doctolib remporte le marché de l’Assistance publique des Hôpitaux de Paris avant de racheter son concurrent de toujours « Mondocteur » en juillet. 
  • 2019 : Doctolib réalise une levée de fonds de 150 millions de dollars et devient une licorne grâce à sa valorisation dépassant le milliard de dollars.
  • 2021 : Durant la pandémie de Covid-19, la plateforme devient un outil logistique majeur pour réserver les créneaux de vaccination pour les français. 

L’histoire résumée de Stanislas Niox-Chateau

Stanislas Niox-Chateau a une revanche à prendre sur la vie. Il est né bègue et il doit toujours se battre pour dépasser ce handicap. Mais Stanislas a pour lui une formidable qualité: il est bosseur et brillant.

Ce jeune homme besogneux vient d’une famille catholique de Rueil-Malmaison où il est né en 1987. Mais il ne se destine pas à l’entrepreneuriat mais bien au tennis. Il fait sport étude tennis dès le CM2 et va même remporter des tournois. Il côtoie Gaël Monfils mais à 16 ans, une blessure au dos l’oblige à arrêter sa carrière. Mais ce travailleur acharné n’a pas dit son dernier mot.

Il intègre les meilleurs lycées puis écoles de commerce, notamment HEC. Après ses 3 ans d’étude, il intègre le fonds d’investissement, Otium où il rencontre 2 personnes importantes: Antoine Freysz et Pierre-Edouard Sterin. Il fait des merveilles et il est notamment à l’origine de Balinea où il soutient l’entrepreneuse, Valérie Abehsera, dans la création de Balinea. Puis il s’occupe de la relance du site La Fouchette.

Stan est partout mais surtout il est capable de manier les chiffres avec précision et d’aller sur le terrain. Il fait du marketing, conseille sur la finance.

Après 4 ans de bons et loyaux services, il quitte Otium. Il veut créer son entreprise. Il finit par choisir la santé. Il écrit son plan dans un restaurant à Berlin en 2013. Puis il l’applique à la lettre. Il réunit autour de lui 3 fondateurs notamment des ingénieurs. Et Doctolib est créée en décembre 2013. Avec sa Clio noire sans ABS, il sillonne alors la France pour interroger et rencontrer les médecins. Jour après jour. Doctolib est sur un marché très concurrentiel avec des dizaines d’acteurs. Mais Doctolib lève de l’argent, beaucoup d’argent. Au total Doctolib lève 234 millions d’euros en 6 ans. Et Stanislas Niox-Chateau de motiver ses troupes par le travail et la détermination. Aujourd’hui Doctolib est devenue une marque reconnue en France et Stanislas un entrepreneur respecté. Il a créé la plus belle start-up en France. Mais l’argent n’est pas une fin en soi, et le très catholique, Stanislas, se voit bien créer une fondation. 

Comment Stanislas Niox-Chateau, bègue et champion de tennis a fondé Doctolib ?

Tennis Club de Paris. mai 2004. 

Stanislas jette un dernier regard circulaire pour voir s’il n’a rien oublié sur le cours. Quand il relève la tête, il voit son père s’approcher au loin. Son père n’est pas là par hasard et il le sait. 

« Salut papa, c’est toi qui est venu me chercher ? »

« Oui, maman ne pouvait pas, enfin si, mais elle préférait que ce soit moi. »

« T’en tires une tête, qu’est-ce-qui se passe ? »

« Stan, le médecin a vu tes radios, elles ne sont pas bonnes. » 

« Et ? « 

« Pour lui tu ne pourras jamais devenir tennisman professionnel. »

« Merci papa pour la confirmation, je le savais déjà, enfin je le pressentais. « 

« Tu as une idée de ce que tu vas faire Stanislas ? »

« Je vais reprendre mes études papa, je vais cravacher comme jamais, je ne veux rien lâcher, rien. « 

Stanislas Niox-Chateau fixe son père droit dans les yeux, la main droite légèrement appuyé sur sa raquette.  Rien ne semble trahir l’émotion du jeune homme de 16 ans, alors qu’il évoque son avenir. 

Seul un observateur avisé peut percevoir l’index de Stanislas qui tapote sur un rythme régulier le manche de sa raquette. 

Une méthode éprouvée pour aider les bègues à dépasser leur handicap. 

Je vous emmène aujourd’hui sur les traces de Stanislas Niox-Chateau. L’homme qui à force de travail et d’obstination a réussi à canaliser son bégaiement et à construire la plus belle startup française, Doctolib.

Table des matières

LE TRAVAILLEUR

OTIUM, LA FOURCHETTE

LA CRÉATION DE DOCTOLIB

DOCTOLIB, LA PLUS BELLE LICORNE

ÉPILOGUE : UN CATHOLIQUE SOUS EXCEL

LE TRAVAILLEUR

Stanislas Niox-Château naît à Boulogne Billancourt au milieu d’une famille aimante et catholique. Ce fils d’enseignants a tout pour réussir, excepté une chose : il souffre d’un terrible bégaiement.

Jeune, les gestes les plus simples se révèlent hors de portée pour lui. Et quand sa mère demande à ses enfants qui veut aller chercher du pain. Stanislas rentre la tête dans les épaules. La seule idée de prononcer  “Une baguette s’il vous plaît » lui soulève l’estomac. 

Malgré tout, les nombreuses séances chez l’orthophoniste commencent à donner des résultats. La thérapeute lui donne de nombreux exercices que Stanislas s’applique à faire avec assiduité. 

Il progresse mais pour autant, il est toujours hors de question pour lui de lever la main pour prendre la parole à l’école.

Heureusement le sport se révèle très vite une échappatoire pour le petit garçon. Stanislas se passionne pour le tennis, sport familial, et puis surtout il se découvre un rêve : devenir numéro un mondial.

Dès le CM2, il intègre une école en sport-études et passe entre quatre à sept heures sur les cours de tennis.  Et quand il n’est pas sur le terrain, il frappe le mur pendant des heures pour améliorer son revers. À force de travail, il arrive au top. À seulement douze ans. Stanislas remporte  l’Open international des jeunes de sa catégorie. Parmi les adversaires de cette époque, il compte des joueurs comme Gaël Monfils ou Jérémy Chardy.

La détermination et la force de travail de Stanislas forcent déjà le respect de tous.

Stanislas est en route vers son rêve. 

Rêve interrompu par un réveil brutal en 2004. Une mauvaise blessure au dos l’empêche de jouer correctement depuis quelques semaines déjà. Le médecin du sport lui fait faire des radios et toute la famille de Stanislas attend les résultats. Pour Stanislas les choses sont déjà claires dans sa tête. C’est pour cela que quand son père vient lui annoncer la fin de sa carrière professionnelle, il a déjà anticipé la suite. 

Qui s’avère plus compliquée que prévu. 

« Oh ! C’est quoi ce boucan, vous vous croyez où ? »

« C’est rien maman, c’est Stanislas.. »

« Non mais Stanislas, tu n’es pas bien ! On ne claque pas les portes quand on a 17 ans ! »

« Laisse tomber maman, il ne te répondra pas, il a eu trois en maths et il est fumasse ! »

À partir de ce moment-là Stanislas met les bouchées doubles pour rattraper son retard. Il bosse matin, midi, soir et week-end.

À la fin du premier trimestre, il est premier.

Il décroche son bac avec mention très bien et intègre le prestigieux lycée Saint Louis en classe préparatoire. 

En 2006, il intègre HEC. 

Le travail paie, il l’a toujours su et il compte bien appliquer sa recette dans le monde professionnel.

Comment Stanislas Niox-Chateau, bègue et champion de tennis a fondé Doctolib ?

OTIUM, LA FOURCHETTE

Jouy en Josas, janvier 2009. Région parisienne.

Le nuit est tombée depuis plusieurs heures sur le campus d’HEC. Tous les étudiants dorment, la reprise après les fêtes a été particulièrement dure. 

Seul dans sa chambre, Stanislas continue de s’acharner sur son clavier d’ordinateur. Il peaufine le business plan de son application de réservation en ligne. Elle n’a pas encore de nom mais possède déjà un tableur de plusieurs centaines de lignes de données analytiques et financières. 

Stanislas ne laisse rien au hasard. Surtout quand il a un rendez-vous le lendemain. En effet, il doit rencontrer Antoine Freysz, le cofondateur du tout juste né, fonds d’investissement Otium.

Sur place, il convainc facilement Antoine Freysz. Le projet est intéressant en adéquation avec le type de sujet que veut porter Otium mais surtout, Antoine est bluffé par le raisonnement sans faille de Stanislas.

Chiffres, données, état du marché, marketing et persona le jeune homme répond point par point à toutes les questions du fondateur d’Otium. 

Antoine et son associé Pierre-Edouard Stérin ne s’y trompent pas et embauchent ce jeune homme au débit pressé. Comme si ralentir son débit de parole pouvait le faire tomber.

En attendant, Stanislas progresse à toute vitesse et se retrouve vite associé d’Otium. Il développe alors son concept de réservation en ligne de soins de beauté qu’il confie à l’entrepreneuse Valérie Abehsera. 

Déjà aguerri aux chiffres, il découvre alors les métiers du logiciel et des services Internet. Ça le passionne et comme Otium est chargé de relancer le service de réservation en ligne de restaurant “La Fourchette” Pierre-Edouard Stérin le met sur le projet.

Stanislas a déjà une idée en tête et investit directement dans le projet. De l’argent, du temps mais surtout il démontre une capacité hors-normes à s’occuper de l’opérationnel. Une occupation que les gestionnaires de fonds laissent pourtant traditionnellement aux équipes de la start-up.

Pour Stanislas, il en est hors de question, son sens de détail et son humilité naturelle le poussent  à aller sur le terrain et à ne surtout pas se cantonner à ses tableaux excel.

Bertrand Jelensperger, le fondateur de La fourchette, est épaté par ce jeune ambitieux. Stanislas est capable de l’aider à lever des fonds le matin et l’après-midi d’identifier le bon logiciel de contrôle de gestion pour sa société. Bourreau de travail, il est sur tous les fronts.

Le travail réalisé par Otium et Stanislas finit par payer lorsque “La fourchette” est racheté par un fond américain 150 millions de dollars en 2014.

Mais nous n’en sommes pas encore là, en tout cas pas ce jour d’avril 2013 où Stanislas rentre un gros dossier à la main dans le bureau de Pierre-Edouard.

« Hello, tu vas bien ? Merci de me recevoir de façon impromptue mais il faut que je te parle d’un truc. »

« Bien sûr Stanislas, j’imagine que tu veux me parler de la valorisation de « La Fourchette » « 

« Euh, pas tout à fait Pierre-Edouard, je vais être direct. Je pars. »

« Tu pars, tu veux dire que tu quittes la France ? »

« Non, je quitte Otium. J’ai beaucoup appris dans cette boîte. Merci à toi Antoine mais il est temps que je passe à autre chose. « 

Une fois l’effet d’annonce passé, Pierre-Edouard n’est finalement pas si surpris que ça. Quatre ans auparavant lors de son arrivée chez Otium Stanislas a été clair.

« Je viens ici, j’apprends et je pars dans quatre ans pour créer ma boite. »

En fermant la porte de son bureau, Pierre-Edouard sourit en se disant que son ancien associé a juste respecté sa roadmap personnelle.

La suite n’est pas encore écrite mais Stanislas a déjà le stylo en main. Il veut travailler sur un gros projet, un projet qui lui appartient, quelque chose qui change le monde, ou au moins un pan entier de la société

Dans sa tête, le descendant d’une longue lignée d’enseignants pense forcément à ce que la technologie peut apporter à l’éducation.

Il décide pourtant de capitaliser sur son expérience et se lance pour révolutionner le monde de la santé.

Comment Stanislas Niox-Chateau, bègue et champion de tennis a fondé Doctolib ?

LA CRÉATION DE DOCTOLIB

Son produit, son projet, sa vie se sera maintenant Doctolib

Stanislas ne se lance pas à l’aveugle. Grand planificateur, il a un onglet Doctolib ouvert depuis plusieurs mois dans son classeur excel.

Septembre 2013, il lance sa boîte

Octobre 2013, les premières lignes de codes du prototype sont écrites.

15 novembre 2013, lancement du site internet

Février 2014, Doctolib lève 1 million d’euros

Juin 2014, Doctolib est déployé dans sa première clinique.

Novembre 2014, Doctolib lève 4 millions d’euros

En décembre 2014, Doctolib travaille avec 1500 professionnels de santé et quinze établissements privés.

Des chiffres impressionnants mais qui résume tout à fait la force de Stanislas : faire sortir un business plan d’un tableur excel pour l’incarner dans la réalité.

Et Stanislas ne chôme pas cette première année. L’entrepreneur démarre son entreprise avec Steve Abou Rjeily, entrepreneur qui a déjà deux boîtes à son actif. Ils sont très vite rejoints par deux autres associés.

D’emblée Stanislas déploie son goût du terrain. Il se lance sur les routes de France à bord de sa twingo noire sans ABS. Il part convaincre les médecins que son produit peut les aider à améliorer l’accès au soin de leur patient. 

« Écoutez, si vous êtes commercial, je n’ai pas le temps. »

« Donnez-moi 5 minutes Docteur s’il vous plaît et  je vous montre comment gagner une heure par jour. « 

« Une heure par jour ? Vous voulez réduire ma patientèle de 10% ? »

« Non Docteur, leur permettre de prendre directement rendez-vous dans votre agenda ! Je veux vous simplifier la vie et améliorer la leur. »

Un discours que Stanislas tient régulièrement en interne comme en externe. Quoi qu’il en coûte en heures de route et en rendez-vous, Il se tient à son objectif: améliorer l’accès aux soins des patients et faciliter la vie des praticiens. 

Un objectif d’autant plus difficile à tenir qu’il est alors partagé par de nombreux concurrents: rendez vous facile, clicrdv, docmii, sansrdv, mondocteur, keldoc… Doctolib n’est pas seul sur le marché.

Mais Doctolib est le seul à avoir un patron aussi déterminé et organisé que Stanislas Niox-Château. 

Face à un marché qui nécessite une grosse force commerciale et donc de l’argent pour recruter, Stanislas fait le choix de lever des fonds.

La première levée d’un million se fait notamment avec des proches comme Bertrand Jelensperger ou Antoine Freysz. Le succès naissant de Doctolib lui permet d’avoir accès à de nouveaux investisseurs dont certains sont déjà des stars de la tech.

« Bonjour Stanislas, je suis ravi de te recevoir ! »

« Merci Pierre ! Est-ce-que tu as eu le temps de jeter un coup d’œil sur le mail que je t’ai envoyé ? »

« Je t’avoue que non, j’ai crû comprendre qu’il s’agit de… »

« Ah c’est dommage, c’était un condensé des prospectives du marché pour les 3 prochaines années. »

« Ah et bien je t’écoute. »

« Bon voilà, la prospective est ce qu’elle est mais concrètement Doctolib est en avance de six mois sur sa roadmap. Un investisseur comme toi nous permettrait d’accélérer encore notre développement. »

À peine dix minutes ont suffit à Pierre Kosciusko-Morizet pour prendre la mesure du jeune homme en face de lui et participer à la seconde levée de fonds de quatre millions. 

Il n’a pas été long à convaincre. Il faut dire qu’il a vite saisi le caractère volontaire et surtout  obsessionnel de Stanislas. Lorsque celui-ci lui a présenté sa méthodologie de travail, il a été frappé par la précision et la méticulosité que Stanislas met dans chaque objectif. Tout projet est calibré , chiffré et découpé point par point, y compris l’attribution des tâches et les dates de rendu.

Maxime Forgeot, son ami d’enfance, confirme dans un rire complice

« C’est la même chose en vacances, du départ en train, aux repas en passant par la location, tout est déjà planifié par Stanislas dans un tableur excel. »

Même si dans les faits, à part son traditionnel réveillon anniversaire du 1er janvier, il ne part pas souvent en vacances.

Stanislas travaille parce que le travail lui permet de développer Doctolib, c’est aussi simple que ça. Un développement qui passe depuis le début par des investissements conséquents.

Et après les deux premières levées de fonds, c’est le fonds d’investissement Accel Partners qui entre au capital de Doctolib.

 À l’occasion d’une nouvelle levée de fonds de 18 millions d’euros en octobre 2015.

Doctolib est maintenant en route pour devenir l’animal mythique du monde des start-ups. 

Une licorne. 

Et, Stan, le dompteur de cet animal.

Comment Stanislas Niox-Chateau, bègue et champion de tennis a fondé Doctolib ?

DOCTOLIB, LA PLUS BELLE LICORNE

Une licorne qui ne joue pas au tennis.

Mais plutôt une entreprise composée comme une équipe de football, un véritable collectif autour d’un coach obsédé par la performance.

Une entreprise que la croissance exponentielle place dans l’œil du cyclone.

« Salut ! Sympa cet afterwork, tu travailles où ? »

« Salut ! Je suis chez Doctolib ! »

« Ah oui je vois et c’est sympa comme boîte ? » 

« Ah ah, non ! Je ne dirais pas que Doctolib est sympa, ça non. Excitante, stimulante, dévorante, oui mais sympa, non. »

« Whaou à ce point là ? »

« Écoute, bosser deux ans chez eux, c’est comme bosser 6 ans dans une autre boite. »

« Ah et tu fais quoi chez eux ? »

« Les RH et crois moi qu’on recrute.. »

Et Zeïna sait de quoi elle parle, Doctolib n’arrête pas de grandir depuis qu’elle est arrivée en 2015.

Stanislas continue de dérouler la roadmap de Doctolib. Il veut la faire grandir à tout prix. Et pour ce faire l’homme sait transmettre son feu sacré à ses collaborateurs.

Sans doute parce qu’il incarne au quotidien les valeurs qu’il affiche. 

La réussite n’entame pas l’esprit de service qui anime Stanislas, qui se perçoit d’abord en soldat avant d’être général.  Il continue régulièrement à répondre au téléphone du support technique de Doctolib et à faire des tournées pour convaincre de nouveaux praticiens. 

Et en parallèle, le CEO multiplie encore les levées de fonds pour accélérer sa croissance. En janvier 2017, il lève 26 millions d’euros.

« Ce que j’adore avec toi Stan, c’est que tu lèves tranquillement 26 millions d’euros et que tu enchaînes avec une partie de Tennis le WE suivant. « 

« C’est un peu vite résumé » 

« Ace ! 40 15 « 

« Ah ah et en plus tu veux aussi gagner cette partie ? »

« Franchement Maxime, l’erreur c’est de lever pour lever. Là, j’ai besoin de l’argent pour avoir des commerciaux qui contrent mondocteur. La levée de fonds, je vais te dire franchement, c’est pas un objectif en soi. Ce qui compte c’est ta proposition de valeur et si elle est claire alors le reste suivra. »

« J’ai gagné. on s’en refait une ? » 

Suite à cette levée de fond, Doctolib embauche 150 personnes. L’entreprise continue de grandir et dès la fin de 2017 elle fait une seconde levée de fonds de 35 millions d’euros.

La concurrence est rude, notamment Mondocteur, leur plus gros concurrent, arrivé avant eux sur le marché. 

Mais Stanislas ne lâche rien, si son jeu au tennis est en fond de cours et en défense, en entreprise il pousse son collectif à l’attaque. L’agressivité commerciale de Doctolib est reconnue même par ses concurrents. En interne, le slogan officieux pour conquérir un cabinet est “Par la porte ou par les fenêtres”.

Une stratégie qui porte ses fruits en 2018. En juin de cette année, Doctolib remporte le marché de l’Assistance publique des Hôpitaux de Paris avant de racheter son concurrent de toujours mondocteur en juillet. 

Stanislas vient définitivement d’écraser la concurrence en France. Il devient le principal acteur de la réservation en ligne de rendez-vous médicaux. 

En cette fin d’année 2018, Doctolib comptabilise 20 millions de visites de patients par mois et recense 55 000 professionnels de santé. 

Stanislas est alors à la tête d’une start-up de 600 salariés. 

L’hyper croissance a un coût et fait travailler durement ses équipes. L’exigence de Stanislas fait parfois grincer des dents en interne. Mais, même les salariés les plus critiques le reconnaissent : Stanislas demande aux autres ce qu’il s’inflige à 200 %. 

Si les objectifs sont élevés, le CEO de Doctolib en véritable coach adore emmener ses équipes vers les défis les plus fous. 

L’ambition de Stanislas est la chose la mieux partagée chez Doctolib. Elle infuse littéralement toute l’entreprise. 

Voire tout l’écosystème entrepreneuriale, car Stanislas clame haut et fort que créer une start-up est d’abord un projet de société : 

« Voyez votre entreprise comme un acteur politique, au sens noble du terme, et battez-vous pour changer les choses. Votre marché sera d’autant plus vaste ! »

Et la politique le lui rend bien. À peine nommé, Cédric O, le nouveau secrétariat au numérique du gouvernement réserve son déplacement à Doctolib. 

Sa visite fait office de cerise sur le gâteau. Deux semaines auparavant une énième levée de fonds de 150 millions vient de faire de Doctolib, une licorne. 

Une start-up valorisée à plus de un milliard d’euros. 

Un an plus tard, la crise du Covid consacre définitivement la société de Stanislas. Doctolib est officiellement en charge de réserver les créneaux de vaccination pour les français. 

Stanislas a changé, sur le papier du moins, la vie de 60 millions de français. 

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ÉPILOGUE : UN CATHOLIQUE SOUS EXCEL

Dimanche 5 décembre 2021. Église Sainte Cécile. Boulogne Billancourt. 

La famille Niox-Chateau sort sur le parvis. La messe est finie. 

Stanislas tient dans ses bras son petit dernier, né pendant la pandémie. À ses côtés sa femme et ses deux aînés. 

Un court instant Stanislas s’égare dans ses pensées et commence à régler dans sa tête un problème de boulot. Même lui n’a pas vu venir la troisième dose. 

Mais ça ne dure pas. Il resserre ses bras sur son enfant. C’est dimanche, il est en famille et c’est sacré. 

Sa femme sourit, elle vient d’apercevoir au loin quelque chose. Elle prend la main de Stanislas et la pointe vers la voiture qui passe dans la rue. Une twingo noire. 

La même que celle avec laquelle il a sillonné la France. Stanislas sourit à son tour. 

Son train de vie n’a pas tellement changé depuis ses débuts. Peu attaché à l’argent, il a surtout tenu à garder en mains les rênes de son entreprise. 

À aucun moment, il n’a profité des levées de fonds pour prendre un chèque. L’argent est un moyen pour lui et surtout pas une fin. 

Il veut continuer à développer Doctolib, parce que sa société contribue au bien être des français. Parce que  cet outil magnifique qu’il a construit permet d’améliorer la qualité de soin de millions de patients. Le lancement réussi de la téléconsultation en est la preuve. 

« Stan, tu es où là ? Tu penses au boulot !  » 

« Oh pardon chérie, oui je m’étais perdu dans mes pensées. « 

« Dis donc, j’ai réfléchi pour notre projet de fondation, on pourrait commencer dès l’année prochaine. « 

« Si on se décide, il faut que je mette ça sur la roadmap. « 

La femme de Stanislas sourit patiemment, elle sait que leur projet de création d’école et d’hôpital démarrera vraiment quand il sera dans les petites cases excel du tableur de son mari. 

Et ça c’est une autre histoire. 

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Notes

Les petits secrets du patron de Doctolib, la nouvelle licorne française

Les ambitions mondiales de Doctolib et de son fondateur, Stanislas Niox-Chateau

Qui est Stanislas Niox-Château, l’impatient PDG de Doctolib – Challenges

Stanislas Niox-Chateau – Wikipédia

La fulgurante ascension de Stanislas Niox-Chateau fondateur de Doctolib

Stanislas Niox-Chateau, diplômé de HEC Paris et CEO Doctolib

Stanislas Niox-Château : du tennis de haut niveau à Doctolib

‎Les Talks du Wagon: Episode 60: Stanislas Niox-Chateau, CEO Doctolib on Apple Podcasts

Stanislas Niox-Château, président de Doctolib