Le podcast sur Accor – Ep 1
La biographie de accor – Ep 1
- 1932 : Gérard Pélisson naît le 9 février 1932 à Lyon en France.
- 1934 : Paul Dubrule naît le le 6 juillet 1934 à Tourcoing en France
- 1963 : Gérard Pélisson et Paul Dubrule fondent la société SIEH (Société d’Investissement et d’Exploitation Hôteliers)
- 1967 : Le premier hôtel Novotel ouvre ses portes à Lille Lesquin, en France.
- 1968 : Un deuxième Novotel ouvre à Colmar.
- 1975 : Novotel compte 60 hôtels en France et 13 en Europe. Novotel rachète la même année, Mercure, sa chaîne concurrente.
L’histoire résumée de accor – Ep 1
Paul Dubrule et Gérard Pélisson changent l’hôtellerie en France en créant le groupe mondial Accor. Et tout commence avec Paul à 26 ans aux États-unis quand il rencontre Bernard Trujillo, le gourou du retail.
Celui-ci devient son mentor et lui conseille d’étudier le modèle des hôtels et notamment les Holiday Inn.
Il a le coup de foudre et veut l’importer en France.
Mais personne n’y croit jusqu’à sa rencontre avec Gérard Pélisson, un directeur chez IBM et surtout un diplômé du MIT.
Il connaît bien l’Amérique et ses modèles économiques.
Il finit par accepter tout en conservant son job.
Novotel est lancé avec un premier hôtel en banlieue lilloise en 1967. Le style plait assez rapidement.
Économique, pratique, il casse les codes de l’hôtellerie.
En 1968, c’est Colmar puis Marignane.
Ils ouvrent même un hôtel de 1000 chambres à Bagnolet, aux portes de Paris en 1973 puis fondent un hôtel 2 étoiles, Ibis en 1974.
Tout va pour le mieux jusqu’à ce qu’un ancien salarié de Novotel lance une chaine concurrente où il copie tout.
C’est Mercure. Une catastrophe pour les 2 hommes.
Paul Dubrule et Gérard Pélisson: la création d’Accor, géant de l’hôtellerie – Ep 1
1964, dans les rues de Paris
Kemmons Wilson
“Arrêtez-vous ici Paul.
Voilà c’est ici que je veux construire le prochain Holiday Inn!”
Paul
“Mais c’est impossible Monsieur Wilson.
C’est l’esplanade des Invalides, jamais le président De Gaulle acceptera la construction d’un hôtel ici.”
Kemmons Wilson
“Ah bon, vous lui avez posé la question? “
Paul Dubrule reste sans voix.
Il se souvient alors que ce qui différencie les Américains des Français, c’est leur pragmatisme.
Et Kemmons Wilson, le fondateur de la chaîne hôtelière Holiday Inn vient de le lui rappeler.
Ne jamais se contenter d’un « ce n’est pas possible », mais tout tenter avant de renoncer.
Je vous emmène aujourd’hui sur les traces de 2 entrepreneurs qui changent l’hôtellerie en France, Paul Dubrule et Gérard Pélisson. 2 entrepreneurs qui font d’un petit hôtel en banlieue lilloise, un groupe mondial: Accor.
Le duo fondateur
1962, Dayton, Ohio
Bernard Trujillo
« Entrez !
Bon,
Paul, il est temps de réfléchir au renouvellement de la NCR. L’hôtellerie est en pleine évolution, allez jeter un œil et étudiez moi ce marché »
Paul
« Monsieur Trujillo, mais comment faire ?”
Bernard Trujillo
“Comment ça, comment faire?
C’est pourtant simple, vous prenez votre voiture et le soir après le travail vous visitez les hôtels. Holiday Inn ça vous parle? »
Paul Dubrule a 26 ans.
Après une scolarité peu flamboyante, il a raté son bac 5 fois, mais avec un diplôme d’école de commerce en poche, il quitte la France pour les Etats-Unis.
Il dégote un stage puis un travail auprès de Bernardo Trujillo, le représentant star du fabricant de caisses enregistreuses NCR.
Ce dernier devient rapidement son mentor et le pousse à étudier le concept des chaînes hôtelières.
C’est une révélation.
Il n’a plus qu’une idée en tête : copier le modèle Holiday Inn.
Paul
“Tout le monde me lâche.
Je suis à bout”
Sa femme
“Écoute Paul, moi j’y crois à ton projet.
Rappelle André. Il t’a dit qu’il connaissait quelqu’un que ça pouvait intéresser.
Un certain Gérard je crois.”
Il est à deux doigts de perdre espoir.
Mais le lundi 12 octobre 1963, il monte dans le train pour Paris rencontrer ce Gérard, l’ami de son beau-frère André, qui semble sa dernière chance.
Paul
“Bonjour, j’ai rendez-vous avec Monsieur Pélisson”
Gérard,
“Paul ? Vous êtes Paul ?
Enchanté.
Je vous conseille l’entrecôte à l’échalote, la meilleure du quartier.
André m’a parlé de votre projet, je veux tout savoir”
Paul
“Gérard, je vous remercie de me rencontrer.
Voilà, je souhaite ouvrir une chaîne d’hôtels sur le modèle d’Holiday Inn.
J’ai tout étudié, les dimensions, le mobilier… vous voyez les photos ?
Il est temps de faire la même chose en France. “
Gérard
“Mmh mmh”
Paul
“Le tourisme se développe, les voyages d’affaires aussi.
Avec les aéroports et les autoroutes qui poussent comme des champignons, il faut offrir de l’hôtellerie de qualité que l’on peut reproduire à l’infini et à des prix accessibles.”
Gérard
“Mmh mmh”
Paul est déçu. Gérard est resté silencieux.
Il rentre à Lille, persuadé qu’il n’a pas réussi à le convaincre.
Il envisage de renoncer définitivement.
Paul,
“Encore 6 mois et après j’arrête.”
De son côté, Gérard réfléchit.
Il connaît très bien les États-Unis, il y a fait ses études, dans la prestigieuse université MIT.
Mais le côté entrepreneurial à l’américaine lui manque.
Gérard
“Bonjour Paul, c’est Gérard.
Écoutez, je souhaiterai vous revoir.
Votre projet tient la route et par expérience je sais que ce qui marche aux États-Unis marchera en Europe.
Quand pouvez-vous venir à Paris ?”
Paul
“Je saute dans le premier train, j’arrive !”
Novotel : Les débuts difficiles
Un ancien champ de betteraves proche de l’autoroute du Nord, leur semble l’endroit idéal pour construire leur premier hôtel.
Après avoir réussi à récolter, non sans difficulté, les fonds pour construire leur premier hôtel, une mauvaise surprise attend les deux compères.
Homme
“Stop, stop, on arrête tout”
Paul
“Comment ça on arrête tout ? C’est quoi ce bordel ?”
L’homme
“Désolé Monsieur Dubrule. On a un souci.
On vient de découvrir des galeries creusées en profondeur, si on continue le sol va s’écrouler.”
Le terrain choisi à Lesquin, en banlieue lilloise, est en fait un ancien chantier d’extraction de pierres calcaires.
Les galeries souterraines ont même servi d’abris aux Allemands pendant la guerre.
Le sol est fragilisé. Coûts de travaux supplémentaires 250 000 francs. Mais il n’y a pas le choix.
Paul
“62 chambres climatisées, un grill et des parkings gratuits. Et comble du luxe, une salle de bain par chambre!
Le rêve américain enfin en France.
Nous sommes fiers de vous annoncer que le premier hôtel trois étoiles Novotel de Lille-Lesquin, n’est que le premier d’une centaine en prévision”
Une journaliste
“Une centaine?
Soyez réaliste Monsieur Dubrule, des hôtels en banlieue sur des champs de patates en bord d’autoroute! ça ne fait rêver personne”
Mais Paul se souvient de sa rencontre avec Kemmons Wilson.
Paul
“Mais c’est impossible Monsieur Wilson.”
Kemmons Wilson
“Ah bon, vous lui avez posé la question?
Toujours voir le possible dans l’impossible”
Le lendemain : personne.
Pourtant Paul et son frère Régis ont passé leurs journées à distribuer des tracts publicitaires dans les stations services du coin.
L’angoisse monte jusqu’à ce que leur stratégie paye enfin.
Hôtesse d’accueil
“Bienvenue Monsieur, comment puis-je vous aider ? »
Un homme
“Je souhaite loger tout mon équipage pour cette nuit.
Tous les hôtels du centre-ville sont complets, vous êtes le plus proche de l’aéroport. Quelle aubaine !”
Hôtesse
“Très bien. Combien de personnes ?”
L’homme
“8.
Vous faites même la restauration ? Incroyable”
Hôtesse
“Et nous avons même une piscine !”
À proximité de l’aéroport international, les équipages d’Air Inter et d’Air France apprécient cet établissement économique, aux chambres standardisées mais confortables.
Bientôt commandant de bord, stewards, hôtesses et mécaniciens radio se retrouvent au bord de la piscine pour boire un verre après de longues heures de vol.
Et une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule…
Gérard
“Paul, nous devons offrir exceptionnellement un service de bagagistes.
Ministres, députés et sénateurs ont réservé des chambres.
Nous n’avons pas le choix”
Paul
“Mmmh. Vous avez raison Gérard. C’est une occasion inespérée.”
Les personnalités politiques sont ravies de pouvoir se réfugier loin du centre-ville et des badauds.
Brigitte, la sœur de Paul, en profite pour tracter les journalistes présents pour l’occasion. La réputation de l’hôtel est lancée.
Tout comme les autres hôtels en construction. En 1968, un deuxième Novotel ouvre à Colmar et Marignane en 1970.
Une success story
Le succès appelle le succès et Paul et Gérard sont toujours à l’affût de la trouvaille qui fera la différence.
Paul
“Gérard, avez-vous lu le dernier texte de loi sur la formation des salariés ?”
Gérard
“Mon cher Paul, je sens qu’une idée vous vient en tête”
Paul
“Aucun lieu ne dispose de salle assez grande pour accueillir les séminaires… Et si nous changions les plans de nos futurs hôtels en intégrant ce paramètre ?”
En 1969, SIEH augmente son capital et lance la construction de 4 nouveaux hôtels. Deux modèles d’exploitation sont alors offerts aux partenaires, en filiale ou en franchise.
Et en novembre de la même année, la réussite des deux compères arrive bientôt aux oreilles d’un promoteur parisien.
Le promoteur
“Monsieur Dubrule,
Je suis en contact avec la mairie de Bagnolet. Il y a un projet d’hôtel de mille chambres. Est-ce que cela pourrait intéresser Novotel ?”
Paul
“Mille chambres ? Nonnnnn
Mais bien sûr !”
Ce projet colossal est une aubaine pour l’entreprise qui n’a à peine trois ans.
Paul
“Gérard, nous allons construire un Novotel à Bagnolet !
1000 chambres !”
Gérard
“1000 chambres, mais Paul c’est du délire !”
Gérard et Paul planchent sur le projet jour et nuit. 80 millions de francs d’investissement sont à prévoir.
Il faut lever des fonds. Et cette fois-ci les établissements financiers leur ouvrent leurs portes sans broncher.
Dans le même temps, Gérard se rend à l’évidence: il peut quitter son poste chez IBM et s’investir à 100% dans le projet Novotel.
Paul
“Rien de plus beau qu’une forêt en automne.”
Gérard
“Je vous sens venir Paul. Une idée en tête ?
Les deux étoiles n’est-ce-pas ?”
Paul
“Il y a un marché à prendre.
Les particuliers recherchent des solutions plus économiques, nous devons créer une offre.”
Gérard
“Rien qu’une petite brise en forêt pour avoir les idées claires.
Allons-y Paul, lançons notre offre !”
Ils acquièrent également Courtepaille, la chaîne de restauration rapide en bord d’autoroute
En 1975, Novotel compte 60 hôtels en France et 13 en Europe.
Mais une mauvaise surprise vient entacher la confiance des deux compères.
Épilogue : Mercure et voir plus grand
Paul
“Gérard, navré de vous déranger un dimanche matin mais c’est urgent.
Bernard Mignard veut quitter Novotel pour lancer sa propre chaîne.”
Gérard
“Bernard? Comment peut-il…?
Deux chaînes concurrentes sur un même segment, le marché ne pourra pas le supporter.”
Paul réussit à faire promettre à Bernard de ne pas débaucher du personnel de Novotel.
En effet, la réussite de Novotel tient à la formation rigoureuse et régulière que Paul et Gérard ont mis en place.
Mais Bernard ne tient pas sa promesse.
Paul
“Vous êtes un traître Bernard.
UN TRAÎTRE!
Vous avez appelé Lameloise et Richet.
Et utiliser nos voitures et notre carburant pour visiter vos futurs chantiers?
Vous n’avez pas honte.
Rendez-moi vos clefs, vous rentrerez à pied.
Dehors!!!”
Paul et Gérard saisissent l’occasion. En 1975, Novotel rachète Mercure.
Il est maintenant temps pour eux de s’attaquer au marché de l’hôtellerie du luxe.
Et ça c’est une autre histoire à écouter au prochain épisode.
Notes
https://www.liberation.fr/portrait/2003/08/09/le-cycle-de-sa-vie_441890/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Dubrule
https://fr.wikipedia.org/wiki/Accor
https://blog.kliner.com/votre-carriere/groupe-accor-hotels-live-limitless/?utm_content=cmp-true
https://www.lexpress.fr/informations/accor-une-etoile-palit_600795.html
https://www.liberation.fr/futurs/1995/03/10/accor-abandonne-la-restauration-collective_127481/
https://www.la-croix.com/Archives/2003-11-01/Rencontre-avec-_NP_-2003-11-01-193863
https://www.lesechos.fr/2004/08/gerard-pelisson-1062718
https://www.lemonde.fr/archives/article/1978/01/28/sofitel-reprend-des-couleurs_2989181_1819218.html
https://www.lesechos.fr/2010/06/saga-accor-un-geant-ne-en-1967-441007
https://www.lesechos.fr/1992/10/accor-va-ceder-3-milliards-dactifs-dici-a-la-fin-de-1994-934826