Le podcast sur l’histoire du Monopoly
La biographie de l’histoire de Monopoly
- 1886 : Naissance de Elizabeth Magie
- 1903 : Elizabeth Magie crée le jeu « The Landlord’s Game » (Le Jeu du Propriétaire foncier) pour illustrer les effets négatifs de la concentration de la richesse et des monopoles.
- 1933 : Charles Darrow, un ouvrier au chômage, modifie le jeu de Magie et crée une version simplifiée qu’il nomme « Monopoly ». Il commence à le vendre sous forme de jeu de société.
- 1935 : Parker Brothers, une société de jeux basée aux États-Unis, achète les droits du Monopoly à Charles Darrow et commence à produire et à distribuer le jeu à grande échelle.
- 1936 : Le Monopoly est introduit en Europe, d’abord au Royaume-Uni, puis dans d’autres pays européens.
- 1950 : La société Parker Brothers introduit les premières variantes du Monopoly, comme les éditions spéciales sur des thèmes particuliers (villes, sports, films, etc.).
- 1976 : Le professeur d’économie, Ralph Anspach dépose un procès contre Parker Brothers, alléguant que le Monopoly était basé sur le jeu de Magie et qu’elle détenait les droits de ce dernier. Il remportera le procès en 1984, établissant que le jeu de Magie était dans le domaine public.
L’histoire du monopoly
L’histoire du Monopoly est folle. Un jeu créé par une féministe repris et volé par un homme, un jeu anti-capitaliste qui devient un symbole du capitalisme. Elizabeth Magie nait en 1886 dans l’Illinois aux Etats-Unis. Féministe et anti-monopoliste, c’est une femme très moderne.
Pendant plusieurs années, elle conçoit un jeu, Le Landlord’s game pour montrer aux gens la «nature antisociale du monopole». Le Landlord’s game se répand petit à petit partout aux Etats-Unis et notamment jusqu’à Atlantic City où un certain Charles Darrow se ré approprie le jeu. Il rajoute des prix, met le nom des rues… et il transforme le Landlord’s game en Monopoly.
L’histoire dingue du jeu “Monopoly” : un jeu anticapitaliste
1976. Palais de justice de San Francisco.
Juge
“Monsieur Anspach, la compagnie Parker Brothers vous accuse de plagiat et demande la cessation immédiate de la commercialisation de votre « anti-Monopoly ».”
Ralph Anspach
“Monsieur le juge.
Suite à ses accusations je tiens moi-même à assigner en justice Parker Brothers d’éditer et de vendre un jeu honteusement copié.”
Juge
“Expliquez-vous Monsieur Anspach”
Ralph Anspach
“Charles Darrow, le prétendu inventeur du « Monopoly » ainsi que Parker Brothers se sont enrichis en détournant le jeu de la véritable créatrice du “Monopoly”,
Madame Elizabeth Magie.
À elle seule devrait revenir le monopole de ce jeu, que justice lui soit faite !”
Je vous raconte aujourd’hui la folle histoire du “Monopoly”. L’histoire d’un jeu anticapitaliste crée par une féministe, dont l’idée a été volée puis détournée par un homme. L’histoire d’un jeu dont le monopole fait la fortune des uns et la ruine des autres.
Elizabeth Magie, la véritable créatrice du Monopoly
Une des sténographes
“Lizzie, il y a le patron qui arrive.
Sors le nez de ton livre.
C’est quoi d’ailleurs ?”
Elizabeth
“ »Progress and Poverty » d’Henry George. C’est sur les taxes foncières et le partage des richesses, c’est passionnant.
Tu viens me voir jouer ce soir au fait ?”
Elizabeth Magie est née en 1886 dans l’Illinois, un an après la guerre de Sécession.
Curieuse et particulièrement intelligente, Lizzie est une vraie rebelle.
Le jour, elle exerce le métier de secrétaire et sténographe et la nuit, sur de petites scènes, elle déclame les sketchs comiques qu’elle écrit .
Une amie
““taxe unique”, “valeur foncière”, blablabla, voyons Lizzie tu voudrais pas plutôt chercher à te marier ?”
Elizabeth
“Mais pour quoi faire ?
Qu’un homme ait le monopole de ma vie ? Hors de question !
D’ailleurs, en parlant de monopole, je suis en train de vous concocter chers amis, un jeu éducatif pour démontrer les effets néfastes du capitalisme.”
Elle fabrique deux carnets de règles de jeu pour accompagner le plateau.
Un livret avec des règles anti-monopole pour récompenser tous les joueurs lorsque la richesse était produite et un carnet de règles capitaliste pour écraser ses adversaires.
1904, Illinois, bureau Fédéral.
Elizabeth
“Bonjour. J’ai créé un jeu, le Landlord’s Game.
Je voudrais déposer une demande de brevet.”
L’employé
“Tout est en ordre.
Votre numéro de dépôt est le numéro 748 626”
Elizabeth a une trentaine d’années et fait partie des rares femmes parmi les demandeurs de brevets.
Un homme
“Oh non, la prison… qui m’aide à payer mes dettes ?
Votons pour le pot commun.”
Une femme
“Hors de question cher ami
À mon tour
Chers amis, je crois que j’ai gagné, je suis le super-monopoleur !”
L’homme
“Et dire qu’on aurait pu gagner tous ensemble…”
Une ville qui va changer son destin et plonger le nom d’Elizabeth Magie dans l’oubli.
La légende Charles Darrow
Charles
“Je suis désolé Esther, il n’y aura que du pain ce soir.
Plus personne ne peut me payer pour réparer les radiateurs…
J’aurai tellement voulu mieux pour notre enfant.”
Charles Darrow, un ouvrier de Philadelphie, tente comme il peut de subvenir aux besoins de sa famille.
Sa femme est enceinte et il n’a plus de travail.
Un soir, alors qu’il tente d’oublier son malheur, ses amis Charles et Olive Todd lui font découvrir un jeu qui va transformer sa vie.
Charles
“Esther, je crois que j’ai une idée.
Tu sais, le jeu du monopole, le jeu qu’on a fait hier avec les Todd, je vais l’améliorer.
Je vais changer un peu les règles, créer de nouvelles cartes et…”
Esther
“Trouve-toi un travail plutôt.
Il n’y a plus de charbon pour le poêle et le bébé crève de froid”
Mais Charles ne lâche pas son idée.
Puis il nomme les rues d’après les rues d’Atlantic City, en souvenir de ses vacances d’été pendant son enfance. La légende est en marche.
Charles
“Tu sais quoi, Esther, je vais leur prouver à Parker Brothers qu’ils ont fait une connerie.
Ils ne veulent pas vendre mon jeu car il serait “trop compliqué à comprendre”… Les crétins.”
Charles ne se décourage pas.
En 1934, il fait le tour de magasins de jouets et des boutiques de jeux pour vendre son “Monopoly”.
Et devant le succès commercial, l’éditeur de jeu de société Parker Brothers, admet son erreur et rappelle Darrow pour lui proposer la commercialisation de son jeu.
Elizabeth Magie
“L’argent ne m’intéresse pas.
Si mon jeu peut éduquer le maximum de personnes, le reste n’a pas d’importance.”
Le Monopoly devient un bestseller et se vend à plus de deux millions d’exemplaires en deux ans.
Darrow est maintenant un homme riche. Il s’achète une immense propriété agricole en Pennsylvanie.
Et Parkers Brothers est sauvé in extremis de la faillite.
Une légende soigneusement imprimée dans chaque boîte de Monopoly.
Le nom d’Elizabeth Magie, lui, n’apparaît nulle part.
Il faut attendre l’année 1976 pour voir son nom ressurgir à la surface.
La vérité au grand jour
Un enfant ou adolescent
“C’est pas juste, ça fait trois tours que je suis à la case prison !”
Ralph Anspach, son père
“Calme-toi, Mark.
Et pour une fois c’est ton frère qui gagne, enfin si on peut dire gagner quand il s’agit de ruiner les autres…”
Alors qu’un matin, pendant le petit déjeuner, il entend ses enfants rire de la ruine de leur adversaire durant une partie, Ralph s’interroge…
Comment leur faire comprendre que l’entraide et la coopération créerait une meilleure société que le monopole des richesses?
Ralph Anspach
“Les enfants, venez me donner un coup de main.
Je vous présente l’Anti-Monopoly.
Tiens Mark, tu vas dessiner les cartes, et toi, Will, tu fabriques les billets de banque.”
Après avoir testé le jeu avec ses enfants et ses étudiants, Ralph décide de lancer la commercialisation de son jeu.
Sauf que tout ne se passe pas comme prévu.
Juge
“Monsieur Anspach, la compagnie Parker Brothers vous accuse de plagiat et demande la cessation immédiate de la commercialisation de votre « Anti-Monopoly ».”
Hors de question de laisser Parker Brothers gagner.
Et c’est en faisant des recherches pour assurer sa défense qu’il découvre que son propre jeu a déjà existé sous une autre forme…
Ralph Anpasch
“Monsieur le Juge,
Je voudrais mettre en lumière le fait que le Monopoly est une copie du Landlord’s game.
Un jeu créé par Madame Elizabeth Magie.”
Pendant huit ans, Ralph va se défendre. Le “mensonge Monopoly” commence à s’ébruiter.
Des dizaines de témoins viennent à la barre. Oui, en 1910, ils jouaient déjà à acheter et à hypothéquer des titres de propriété et des hôtels avec un arrêt sur la case prison.
Une certaine Madame Dorothea raconte même avoir été là, le soir où Charles Darrow a découvert le jeu du Landlord’s game.
Il gagne le droit de produire son Anti-Monopoly.
Épilogue
Un homme
“400 dollars pour Boardwalk.
Et je rachète Pacific Avenue pour 500 dollars”
Des milliers de tournois sont organisés chaque année aux États-Unis, sponsorisés par Hasbro qui a racheté Parker Brothers en 1991.
Le Monopoly est devenu le jeu de plateau le plus vendu au monde.
Encore aujourd’hui, alors que la vérité sur le Monopoly a été révélée, le mythe de Charles Darrow persiste. Une histoire comme on les aime aux États-Unis, celle de l’ouvrier pauvre devenu riche.
Quant à Elizabeth, elle meurt veuve et seule, écoeurée que son jeu anticapitaliste soit devenu un emblème du capitalisme.
« Le succès a de nombreux pères », dit un adage, mais on en exclut souvent les mères.
Mais ça c’est une autre histoire.
Notes
https://www.arte.tv/fr/videos/090626-018-A/cherchez-la-femme-18-30/
https://www.numero.com/fr/culture/fary-spectacle-roland-garros-juillet-aime-moi
https://www.slate.fr/story/98011/inventrice-monopoly-anti-monopoles
https://www.liberation.fr/societe/2011/02/19/monopoly-a-deux-tetes_716048/
LIVRE
“The Monopolists: Obsession, Fury, and the Scandal Behind the World’s Favorite Board Game”, Mary Pilon