Le podcast sur le scandale de Cora
La biographie du scandale de Cora
- 24 septembre 2011 : Anne-Marie Costa est convoquée par la hiérarchie du magasin Cora dans lequel elle travaille depuis 10 ans car elle est accusée du vol d’un ticket de réduction laissé par un client sur le tapis des courses.
- Fin septembre 2011 : Anne-Marie va déposer une plainte pour séquestration au commissariat et découvre que Cora a porté plainte contre elle pour vol.
- Octobre 2011 : Anne-Marie Costa est convoquée au commissariat suite à la plainte déposée.
- Mi-octobre 2011 : Anne-Marie Costa reçoit une lettre recommandée pour un entretien préalable de licenciement. La nouvelle fait le tour des médias et provoque un véritable bad buzz pour Cora, notamment sur Twitter.
- 27 octobre 2011 : Cora annule la procédure de licenciement à l’encontre d’Anne-Marie Costa.
- 29 octobre 2011 : Cora met en ligne une vidéo en réaction au scandale dans laquelle des employés de Cora expriment leur amour pour leur travail et l’enseigne. La vidéo est supprimée quelques heures après sa publication suite aux plaintes des internautes.
- 2014 : Le film Discount qui s’inspire de l’histoire d’Anne-Marie Costa sort au cinéma.
- 2023 : Anne-Marie Costa a quitté Cora et travaille désormais comme caissière pour Super U toujours dans la banlieue de Metz.
L’histoire résumée du scandale de Cora
En septembre 2011 à Mondelange, dans un magasin Cora, Anne-Marie Costa est accusée d’avoir volé un bon de réduction. Une mère de 35 ans et syndicaliste, elle travaille pour Cora depuis 10 ans et gagne 940 euros par mois. Elle est confrontée au chef de sécurité et à la chef de caisse qui l’accusent de vol, affirmant que le bon de réduction appartient au magasin. Elle est retenue dans un local pendant un certain temps, puis est libérée par l’adjoint de sécurité.
Anne-Marie décide de porter plainte pour séquestration au commissariat, où elle découvre que Cora a porté plainte pour vol contre elle. Elle est convoquée, passe deux heures au commissariat, puis reçoit une lettre de licenciement. Ses collègues syndicalistes et son avocat la soutiennent. Le délégué syndical CGT parle de l’affaire à des journalistes, ce qui déclenche un scandale médiatique. L’histoire est relayée par l’Express, suscitant une réaction négative en ligne et des commentaires négatifs sur les réseaux sociaux.
Les politiques s’impliquent également, avec la députée PS Aurélie Filippetti appelant à la fin de la « mascarade honteuse » de la part de Cora. Finalement, sous la pression du scandale, Cora annule la procédure de licenciement et publie une déclaration sur sa page Facebook. Cependant, l’image de Cora est ternie, notamment par une vidéo mal reçue qui suscite la colère des internautes.
Anne-Marie reçoit beaucoup de soutien et continue à vivre dans la région. Elle a inspiré un film et travaille désormais comme caissière pour Super U. Malgré tout, l’incident a durablement écorné l’image de Cora.
Cora : Virer une caissière pour un ticket de caisse
Oui, l’enseigne a reculé mais cette histoire est délirante.
Cora va en payer le prix fort.
Bienvenue dans la série de l’été consacrée aux scandales qui ont fait trembler les entreprises. Aujourd’hui, je vous raconte le scandale de la caissière de Cora, une caissière qui a le malheur de récupérer un bon de réduction laissé par un client sur le tapis de course.
Le scandale et le contexte
24 septembre 2011 à Mondelange, dans la banlieue de Metz.
C’est la fin de journée sous un beau soleil dans le magasin Cora de la petite ville.
Chef de la sécurité
“Anne-Marie, suis-moi”
Anne-Marie Costa
“Attends, qu’est-ce que tu me veux ?”
Chef de la sécurité
“Ne fais pas d’esclandre et suis-moi”
Chef de caisse
“Anne-Marie, tu as volé le magasin. Tu as récupéré un bon de réduction qui nous appartient.
On ne va pas en rester là ! Rends-moi ce ticket !”
Anne-Marie Costa
“Mais attendez, c’est le client qui l’a laissé, vous ne pouvez pas m’accuser de vol !!!”
Elle est retenue de longues minutes dans ce petit local situé au fond du magasin.
Puis, l’adjoint de sécurité la libère.
Anne-Marie est abasourdie.
Et elle ne pensait pas qu’un simple ticket de caisse avec une réduction au dos pourrait lui causer autant de problèmes.
Un ticket avec une promo, Deux hamburgers achetés : un gratuit.
Elle, qui pensait faire plaisir à son fils…n’en est qu’au début de ses problèmes.
Elle est alors convoquée au commissariat en octobre où elle passe 2 heures puis, elle reçoit une lettre recommandée pour un entretien préalable de licenciement.
C’en est trop. Ses collègues syndicalistes veulent la soutenir.
Son avocat aussi.
Il faut faire quelque chose.
Le scandale
Le délégué syndical CGT du magasin, en parle d’abord à son collègue du département de la Moselle, Denis Pesce.
Celui-ci en parle alors à des journalistes du républicain Lorrain qui publient un entrefilet dans le grand quotidien régional du Grand Est.
La toile s’enflamme cette fois-ci. Le sujet devient national.
Sur la page Facebook de Cora, les commentaires s’enchaînent
«Honteux», «pitoyable», «à vomir», «je n’irais plus chez Cora»
@bengallerey: Cora des pâquerettes
@Johan_Cami : Que cette caissière de #cora s’estime heureuse ! En 1123, on l’aurait brûlée pour moins que ça!
@peultier: Corée du Sud, Cora du Nord
@kaopics: La prochaine fois que vous allez au #cora sauvez une caissière du licenciement, prenez votre ticket de caisse
Même dans le propre magasin d’Anne-Marie
Les politiques s’en mêlent à leur tour.
La députée PS de Mondelange Aurélie Filippetti appelle la direction à « mettre fin à cette mascarade honteuse au nom du respect de l’action syndicale ».
L’enseigne réagit peu et finit même par supprimer les messages sur la page Facebook.
Finalement, c’est le lendemain, le 27 octobre, que Cora réagit.
La réaction
Mais le mal est fait.
Pour Anne-Marie, en arrêt maladie, c’est tout sauf une victoire.
Cora va même plus loin en annonçant que des collaborateurs de Cora le 29 octobre ont enregistré une vidéo en réaction au scandale.
Cette vidéo est intitulée : La vie chez Cora, c’est surtout ça…
Ce sont 4 minutes de déclaration d’amour des employés montées avec des téléphones et un montage très amateur.
Les internautes n’ont pas été séduits, la plupart dénonçant une entreprise de communication montée par l’enseigne de supermarché.
La CGT va même plus loin en dénonçant cette vidéo qui aurait été faite sous contrainte.
Quelques heures après, la vidéo est supprimée.
Une image durablement écornée.
Épilogue
Anne-Marie Costa habite toujours la petite ville de Homécourt en Moselle près de Metz.
Elle a même inspiré un film sorti en 2014, Discount.
“J’ai été surprise par la réaction des gens… je ne m’attendais pas à ça. Tout ça pour un bon de réduction de 1 euro. J’ai reçu, après cette histoire, de l’argent, des bons réductions et même des gens qui m’ont proposé d’aller en vacances avec eux”.
Aujourd’hui, elle a quitté Cora et travaille désormais comme caissière pour Super U toujours dans la banlieue de Metz.
Et ça, c’est une autre histoire.
Notes
https://www.radiofrance.fr/franceinter/affaire-cora-la-chaine-fait-marche-arriere-1550328
https://www.elle.fr/Societe/News/La-salariee-de-Cora-accusee-de-vol-ne-sera-pas-licenciee-1779772
https://www.europe1.fr/societe/La-caissiere-de-Cora-sauvee-par-le-web-340902
https://www.republicain-lorrain.fr/moselle/2011/10/27/ce-ticket-c-est-la-betise-de-ma-vie
https://www.sudinfo.be/art/234075/article/actualite/societe/2011-10-26/GPSLINK%3D1