Le podcast sur Pierre Chappaz
La biographie de Pierre Chappaz
- 1959 : Pierre Chappaz naît le 12 avril à Toulon, en France.
- 1992-1996 : Pierre Chappaz est le directeur marketing d’IBM.
- 1996 : Pierre Chappaz devient le directeur de l’ensemble de la communication et du marketing pour la France, la Belgique et la Suisse chez IBM.
- 1999 : Pierre Chappaz cofonde Kelkoo, un site web de comparaison de prix en ligne. Kelkoo connaît un grand succès et devient l’un des leaders européens du secteur.
- 2000 : Pierre Chappaz et les cofondateurs de Kelkoo réussissent à finaliser la plus grosse levée de fonds d’une startup française en juin 2000 en récoltant 30 millions d’euros.
- 2004 : Yahoo! acquiert Kelkoo pour un montant de 475 millions d’euros, faisant de Pierre Chappaz un entrepreneur à succès.
- 2005 : Pierre Chappaz cofonde Wikio, un moteur de recherche d’actualités personnalisé et participe au lancement de Netvibes, un service de portail personnalisable.
L’histoire résumée de Pierre Chappaz
Pierre Chappaz est un jeune directeur marketing chez IBM en 1996. Quelques années plus tard, il prend une décision qui change sa vie : il prend la tête d’une solution pour générer du trafic chez les commerçants: Kelkoo.
Ce brillant toulonnais, après des études en école d’ingénieur et un accident grave en escalade, est un communicant brillant. Il sait manager les équipes et les motiver. Et quand il rencontre Mauricio Lopez et son équipe de chercheurs en 1999, il tombe amoureux du projet. Après une 1ère levée de fonds avec Banexi et Innovacom, l’équipe de départ est constituée: Mauricio Lopez, Pierre Chappaz, Rémy Amouroux et Christophe Odin. Se rajouteront d’autres personnes comme Dominique Vidal, l’investisseur de la 1ère heure et Jérôme Mercier.
C’est un démarrage en fanfare avec une campagne de publicité marquante pour Kelkoo. Mais ils dépensent toute leur levée de fonds de 2 millions d’euros… il faut vite trouver de l’argent. Après un 1er échec qui met Kelkoo au bord de la faillite, ils réussissent à finaliser la plus grosse levée de fonds d’une startup française en juin 2000, 30 millions d’euros. Mais les marchés sont nerveux et les valorisations n’ont plus de sens. Kelkoo perd toujours plus d’argent et il faut, courant 2001, licencier 90 personnes. Pourtant la stratégie d’acquisition européenne prend tout son sens: l’Espagne avec Dondecomprar, le Royaume-uni avec Shopgenie puis la fusion avec ZoomIT.
Mais cela coûte cher.
En 2001, Pierre Chappaz et Dominique Vidal adoptent une stratégie de réduction des coûts et de revenus. Il faut gagner de l’argent ! La nouvelle version du site et le travail sur la base de données, donne des résultats incroyables.
2002 est l’année de la consécration. Enfin, Kelkoo gagne de l’argent. Puis c’est le rachat par Yahoo. Une histoire qui n’est qu’un début pour les aventures entrepreneuriales de Pierre Chappaz.
Comment Pierre Chappaz a construit la plus belle startup des années 2000, Kelkoo ?
Nous sommes en mai 2000 à Paris, dans un restaurant du 8ème arrondissement.
Jérôme, enthousiaste
« On part sur un rouge ou un blanc ? Je sais que t’aimes pas le blanc mais avec le poisson c’est quand même bien plus adapté… «
Pierre, agacé et tendu
« J’en sais rien peu importe. »
Jérôme, jovial pour essayer de détendre l’atmosphère
« À la bonne heure, peu importe ! »
Jérôme ferme la carte des vins en un claquement sec.
Pierre, quasi agressif
« Difficile de se concentrer sur la couleur du vin quand il reste 40 jours de cash sur les comptes de Kelkoo. «
Jérôme, d’une voix mal assurée
« Mais la levée de fonds… «
Pierre, en panique, le coupe sèchement
« La levée se passe très mal !! Si on conclut pas rapidement, tout va se casser la gueule. C’est le projet de ma vie… Le projet de ma vie entière est en train de prendre l’eau de partout ! »
Jérôme, paternel et calme
« Pierre, respire. «
Pierre, hausse le ton, respire très fort
« Comment ça respire ? J’ai la boule au ventre comme le gamin harcelé à l’école, je suis tellement stressé que je dors plus la nuit ! Je respirerai quand on aura réussi à lever. «
Pierre, froid
« Je reviens, je vais me passer de l’eau sur le visage. Prends le vin que tu veux. «
Jérôme, inquiet
« Ouais t’es tout blanc… «
« Pierre ? Pierre ! S’il vous plaît, il fait un malaise !! «
Le fondateur de Kelkoo, Pierre Chappaz, vient de s’effondrer au milieu du restaurant sous le regard ahuri et désemparé de son directeur marketing, Jérôme Mercier.
Quelles pressions s’exerçaient sur lui à ce moment-là ?
Bienvenue sur l’histoire de Pierre Chappaz, l’homme qui, fait de Kelkoo, la plus belle startup française des années 2000 pour une aventure qui n’aurait jamais dû se faire.
Table des matières
Le grand saut : Création de l’équipe et du modèle
En quelques mois au bord de la faillite
2001- 2002 : Licencier pour mieux repartir
Épilogue : la vie d’après pour Pierre Chappaz
Un enfant brillant
Pierre Chappaz naît à Toulon en 59 d’une mère professeur de lettres et d’un père professeur de maths.
Très vite, il se place en tête de classe et excelle particulièrement en mathématiques. Après son bac, il entre en Maths Sup à Nice, suite logique.
Soucieux de rester généraliste le plus longtemps possible, Pierre veut intégrer Centrale : il sait qu’on y étudie de tout, donc il y trouvera bien une matière qui l’intéresse plus que les autres !
Pierre passe les écrits puis profite de la pause avant les oraux pour une escapade en montagne.
Passionné d’escalade et de montagne depuis son plus jeune âge, il entreprend l’ascension d’une paroi lorsqu’il est heurté de plein fouet par un rocher.
Oui, ça pourrait être la fin de cet épisode mais miraculeusement, ce n’est pas le cas. Pierre Chappaz a survécu à cette chute d’une manière assez surréaliste. Il a atterri sur un arbre qui poussait à l’horizontal 20 mètres plus bas. Du jamais vu ! Après un accident pareil, la vie a une toute autre saveur…
Pierre Chappaz se rend aux oraux de Centrale en chaise roulante… et il est reçu !
Une fois diplômé, il fait taire la petite voix au fond de lui qui le presse de se lancer dans l’entreprenariat et devient le directeur marketing d’IBM en 1992.
Ses compétences indéniables lui permettent de se hisser au rang de directeur de l’ensemble de la communication et du marketing pour la France, la Belgique et la Suisse, poste qu’il occupe à partir de 1996.
Avec ses collègues Jérôme Mercier et Sadek Chekroun, il réorganise le marketing IBM autour de l’avènement d’internet.
Pourtant, même si toutes ces activités sont loin d’être ennuyeuses, Pierre Chappaz sent qu’il manque quelque chose à sa vie…
Nous sommes en 1999 et le virus de l’entrepreneuriat revient le chatouiller… La seule chose qui est sûre, c’est qu’il veut créer sa boîte, former une équipe et ne devoir plus rien à personne.
Le grand saut : Création de l’équipe et du modèle
Nous sommes en plein mois d’août 1999, la chaleur est écrasante.
Pierre Chappaz est contacté par Dominique Vidal.
Dominique, enthousiaste
« Pierre ? C’est Dominique Vidal à l’appareil, comment vas-tu ? «
Pierre, un peu surpris
« Oh Dominique, ça va et toi ? «
« Très bien, très bien. Écoute je vais droit au but, j’ai une proposition à te faire. Je suis investisseur sur le projet d’un mec assez brillant, Mauricio Lopez. Le but c’est de créer un comparateur de prix un peu comme MySimon mais en mieux. En gros on utilise des algorithmes pour fouiller le web et fournir aux internautes un service gratuit de comparaison de prix en temps réel ! »
« C’est génial. »
« Mauricio est brillant, il a plein d’idées, mais pour moi ce n’est pas un leader. Je lui en ai parlé et il a entendu mes arguments. Il ne voit aucun inconvénient à ce que tu prennes le lead. Est-ce que t’es partant ? »
Bien sûr que Pierre est partant. Il a surtout hâte de rencontrer Mauricio, l’homme qui a eu la sagesse d’accepter les exigences de Dominique Vidal sur un projet dont il est à l’origine et sur lequel il travaille depuis de nombreuses années.
Via Dominique Vidal, Pierre rencontre également Rémy Amouroux et Christophe Odin, les compagnons d’origine et fondateurs de la technologie. Encore une fois, la rencontre est fructueuse : les hommes décident de se lancer à corps perdus dans l’aventure, même si elle va apporter de l’instabilité dans leurs vies.
Chappaz, Lopez, Amouroux et Odin, nous sommes à l’automne 1999 et l’équipe de départ est quasiment constituée.
De l’argent et un nom
Il faut savoir qu’à cette période, Pierre Chappaz est encore salarié chez IBM. Les heures qu’il passe à bosser sur Liberty Market (le nom provisoire de la société), c’est la nuit, sur son temps libre.
Il travaille avec Sadek Chekroun, le directeur marketing logiciels chez IBM. La théorie est simple et imparable : derrière chaque visiteur apporté par Liberty Market, il y a un internaute animé d’une intention d’achat. Cet internaute possède donc une valeur réelle pour laquelle les marchands vont se battre à tout prix. Pour recruter l’internaute, le marketing prend le rôle de l’arme absolue, la communication publicitaire télévisuelle apportant généralement le coup de grâce.
Problème : au moment où ils rédigent ce business plan, de nouveaux concurrents déboulent en masse sur le marché : l’Américain MySimon, les Français Toobo, BuyCentral, Le négociateur, Promoselect et le Suédois PriceRunner. Ils sont pas tout seuls.
En plus, les concurrents français sont dirigés par des étudiants ! Pierre et Sadek font figure de vétérans. Mais ils ont l’expérience en plus et de son côté, Pierre possède un charisme et une aisance à l’oral très utiles.
C’est d’ailleurs grâce à lui qu’au moment du grand oral, Banexi décide d’apporter un peu plus d’un million d’euros au projet, dans un tour total de 2 millions d’euros.
Les parts de l’entreprise sont réparties de la manière suivante : 33 % pour Mauricio Lopez, 33 % pour Pierre Chappaz et 33 % à partager entre Christophe Odin, Rémy Amouroux et Jérôme Mercier, le nouveau directeur marketing.
Banexi apporte 60 % des fonds levés et Innovacom 40 %, pour un total de 2,2 millions d’euros. L’investissement total est prévu en deux fois, une première tranche en novembre, le solde en février-mars 2000. La valorisation avant investissement tourne alors autour de 4,5 millions d’euros.
Nous voici maintenant en décembre 1999.
Mais pour Chappaz et son équipe, l’ambiance n’est pas aux fêtes de fin d’année.
En effet, il doivent sortir une V1 de leur site le plus rapidement possible afin de profiter de la période pour tester leur offre.
Le brainstorming les mène parfois très loin.
Et puis, sans doute sous le coup de la fatigue après avoir passé deux nuits à chercher des noms, Pierre pense qu’il a un coup de génie et s’exclame :
Pierre, surexcité
« J’ai trouvé !! “Kelepok” ! «
Jérôme, se racle la gorge et étouffe un rire
« De quoi ? «
“Kelepok.”
« Oui oui j’ai entendu, mais Pierre, quel est le rapport ? »
« Tu te rends pas compte, Internet est une véritable révolution pour l’humanité. «
« Enfin, tu te rends bien compte que c’est juste pas possible : on peut pas s’appeler Kelepok ! »
Mais rien à faire, Pierre ne démords pas.
Bon, vous savez ce qu’on dit ? Quand on a un problème d’inspiration, rien de mieux qu’une bonne douche. Sans rire, c’est là que surgissent les bonnes idées.
Jérôme, catastrophé, le rappelle et lui lit une liste de noms qu’il a noté. Pierre s’arrête sur Kelkoo avec deux “o”, une déclinaison tendance du Kelcout initial.
Pierre, très songeur
« Kelkoo… »
On entend Pierre respirer comme s’il réfléchissait très fort. Laisser passer 3, 4 secondes. Puis, très décidé :
« Mais ouais. T’as raison. C’est ça, On fonce. «
Et en plus, le hasard veut que Kelkoo offre dans toutes les langues des associations mentales positives !
Dominique Vidal passe de plus en plus de temps au sein de la société ; tout le monde travaille d’arrache-pied pour sortir le site avant Noël : il est grand temps de profiter des promesses de l’e-commerce.
Lancement
La grande force de Pierre Chappaz, c’est son charisme. Physiquement, il n’en impose pas. Par contre, grâce à son talent pour enthousiasmer les foules, il est capable de transmettre sa passion et de convaincre n’importe qui.
Ainsi, il recrute chez IBM un DAF et un responsable commercial de haut niveau. Il leur laisse peu de temps pour se décider, selon Pierre, c’est “on le sent ou on le sent pas !”, pas besoin de réfléchir des heures et de tortiller du c***
En mars 2000, l’équipe dirigeante de Kelkoo prend sa forme définitive et rentre dans une période de croissance active, menant de front divers projets. Le développement européen, la campagne de communication, le bouclage du premier tour de table, la préparation du second, la recherche de revenus et l’optimisation de la technologie et du site.
Le montant du budget marketing prévu pour la France s’élève à deux millions d’euros sur la France dont un million carrément consacré à la seule campagne de lancement de mars 2000.
Mais ce montant signifie aussi que la société dépense rapidement le capital levé quelques mois plus tôt et qu’il y a peu de garanties sur la pérennité de la boîte.
En gros, Kelkoo parie sur le bouclage rapide d’une levée de fonds plus conséquente. Chappaz déploie pour ça une stratégie de communication carrément offensive en diffusant en boucle pendant un mois un spot publicitaire de huit secondes.
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et pourtant, l’orage gronde…
En quelques mois au bord de la faillite
Le but de Kelkoo, c’est de devenir leader sur le marché européen. Dans cette optique, Pierre Chappaz et son équipe mettent le paquet et cherchent à fusionner avec leurs concurrents. Ainsi, à la fin du printemps 2000, Kelkoo a acquis Dondecomprar et Shopgenie, les concurrents espagnols et anglais, et effectué un recrutement efficace, investi près de 2,2 millions d’euros en communication et poursuivi les embauches à tour de bras.
Pierre Chappaz et Dominique Vidal réalisent qu’il ne reste que 40 jours de cash et qu’à partir de là, ils ne pourront plus payer personne !
La pression est trop grande, Pierre Chappaz fait un malaise au beau milieu d’un restaurant, devant le regard paniqué de Jérôme Mercier.
Mais ce n’est pas le moment de lâcher et malgré son état alarmant, Pierre reste convaincu qu’il y a des solutions.
Ainsi, les présentations face aux actionnaires espagnols s’enchaînent : devant cette quasi mort, la solution était de prendre un virage radical. Kelkoo passe alors d’une stratégie marketing-audience-fonds à une stratégie revenus-revenus-revenus.
… Et ça marche.
Forte de son expansion européenne du début d’année, et désormais solidement installée sur une trésorerie impressionnante et rassurante pour les marchands, Kelkoo peut se consacrer à ce qui sera désormais son cœur de métier : le « négoce de trafic ».
La crise de pierre
Kelkoo continue de se développer partout en Europe : Kelkoo Italie est créé puis ils fusionnent avec les norvégiens ZoomIt en septembre 2000 pour un tiers du capital de la société… C’est le prix à payer pour disposer de la meilleure équipe produit d’Europe.
Le bilan en décembre ça donne quoi ? C’est 200 collaborateurs répartis sur 8 pays et des filiales en gestation en Finlande et au Brésil.
Fin 2000 donc, c’est l’euphorie chez Kelkoo.
Mais au même moment, Pierre Chappaz traverse une violente crise personnelle. Cette dépression va durer plus de trois mois et l’empêche de travailler correctement.
Les derniers mois étaient tellement intenses pour lui qu’ils l’ont éloigné de sa femme et ont fini par être fatals à son couple. Pierre et sa femme Catherine se séparent après 18 ans de vie commune.
Pierre est d’autant plus au fond du gouffre qu’il n’obtient pas beaucoup de soutien psychologique de la part de ses collaborateurs. Dominique Vidal par exemple, compatit assez peu car il ne compte pas entretenir avec Pierre des relations qui ne seraient pas purement professionnelles.
Et pour couronner le tout, l’introduction de Kelkoo en bourse est finalement annulée. Le marché est devenu trop frileux.
2001- 2002 : Licencier pour mieux repartir
En 2001, les résultats de Kelkoo sont en baisse régulière, ce qui impacte fortement le chiffre d’affaires. C’est donc une nouvelle période de crise intense qui commence.
En février de cette même année, Kelkoo perd deux millions d’euros par mois.
Pierre Chappaz tient à se déplacer dans tous les pays pour expliquer la situation et à rencontrer personnellement au moins un tiers des partants en face-à-face. Il essaie d’expliquer pourquoi il n’a pas le choix.
En 2001, Kelkoo fait peau neuve et a droit à une nouvelle version (c’est la 5e). Pierre Chappaz, perfectionniste et méticuleux, a mis la pression à ses salariés pour que le service client soit irréprochable. Il traquait les bugs dans chaque pays ! Le lancement du nouveau site est un véritable succès.
Ainsi, Kelkoo sort la tête de l’eau petit-à-petit alors même que fin 2001, Mauricio Lopez et Jérôme Mercier quittent le navire.
En 2002, Pierre Chappaz compte atteindre l’équilibre et annonce de bonnes nouvelles.
Avec un mois d’avance sur les objectifs, le site réalise une année à 12 millions d’euros de chiffre d’affaires, pour seulement 1 million de perte. Pierre Chappaz est tellement heureux qu’il communique sa joie dans un mail à ses équipes :
« Team,
Nous venons de franchir en septembre un palier important dans l’histoire de Kelkoo : nous avons atteint pour la première fois l’équilibre d’exploitation. Souvenez-vous de ma présentation à Opio : nous devions franchir ce seuil en octobre, mais la tendance générale est meilleure que prévue, nous avons donc un mois d’avance. Comme l’expliquait Dominique Vidal, nous sommes aujourd’hui rentables en ce qui concerne notre exploitation, mais les amortissements techniques importants font que nous ne sommes pas encore profitables. Ce palier tout aussi important devrait être atteint au dernier trimestre 2002.
Ce n’est que comme cela que nous GAGNERONS !
Votre coach, Pierre Chappaz. »
En réaction, il crée Kelbest, un nouveau site totalement gratuit pour les marchands. Le site est en ligne en 2003 !
Les lancements successifs du moteur de recherche produits et de la base de données font décoller de façon extraordinaire le trafic entrant et les revenus. En Europe, 1 internaute sur 10, soit 24 millions, utilise Kelkoo ; en France, ce ratio est de 1 sur 4.
Le rachat
En 2004, Yahoo! vient vers Kelkoo avec une proposition autour de 435 millions d’euros, soit presque le double des indications initiales et 15 fois l’Ebitda prévu en 2004.
Mais cette proposition ne plaît pas beaucoup à Pierre Chappaz. Opposé à lui, Dominique Vidal soutient clairement la vente.
Dominique
« Oui ? «
Pierre
« C’est Pierre, j’entre faut que je te parle. »
Pierre, très agacé
« Pourquoi tu continues les négo avec Yahoo ? »
« Je te retourne la question : pourquoi tu t’y opposes ? »
« Tu sais très bien pourquoi ! Parce que je veux qu’on reste libre, qu’on continue à s’amuser et pas nous enfermer à nouveau dans un truc à la IBM !! «
« J’entends, mais là Pierre, vu la situation, je crois qu’on a pas le choix et qu’une offre pareille, ça se refuse pas. »
« Ouais.. comme d’hab’ je suis seul contre tous. «
Pierre Chappaz monte au créneau et donne un ultimatum à son interlocuteur chez Yahoo :
Pierre, au bord de la crise de nerf
« Tu te rends compte du mal que tu nous fais, du temps perdu pour moi et mon équipe ?? Tu nous connais par cœur, tu sais qu’il n’y a pas de squelettes cachés dans les placards de Kelkoo. Si vous vous retirez de ce deal, je te donne ma parole que l’on ne se vendra jamais à Yahoo!, et tu as 24 heures pour clore le deal, 24 heures pour signer. «
Mais même après ça, Carlos Dexeus hésite encore. Il conteste des détails juridiques. Là, Pierre met un nouveau coup de pression en menaçant de partir et d’emmener du monde avec lui.
Malgré ce rachat, la société conserve sa marque, ses équipes restent en place et la technologie développée reste la même. Dans un communiqué, Yahoo! indique que Pierre Chappaz garde ses fonctions de président de Kelkoo.
Épilogue : la vie d’après pour Pierre Chappaz
Après le rachat, Pierre Chappaz reçoit 15 millions d’euros car il est détenteur de 3% du capital. Les autres fondateurs deviennent également multimillionnaires.
Mais toute situation confortable comporte un risque. Le risque de se laisser aller à un confort qui mène à la médiocrité, de se reposer sur ses lauriers, d’être contenté que le plus dur ne soit plus à venir et de mener une vie paisible, la prétendue récompense ultime après un dur labeur.
Pierre Chappaz se fiche de vivre paisiblement. Pierre Chappaz se reposera dans sa tombe, pas avant.
Depuis qu’il a quitté la présidence, Kelkoo sombre lentement dans les abîmes et Yahoo! va chercher à s’en débarrasser pour un prix dérisoire à côté du montant de l’acquisition.
À ce moment-là, Pierre Chappaz est déjà loin, occupé à mener de nouvelles batailles pour de nouveaux projets. Presque comme s’il se renouvelait sans cesse, comme s’il renaissait avec une énergie nouvelle toujours aussi puissante.
Il participe au lancement de Netvibes, il aide aussi Bertrand Quesada à créer Wikio. À nouveau, il réalise des opérations de croissance externe et fait évoluer cette jeune boîte à vitesse lumière.
Mais ça, c’est une autre histoire.
Notes
Cette histoire a été construite principalement sur des dialogues issus du livre:
Ils ont réussi leur Startup – Julien Cordoniou et Cyrille de Lasteyrie
Ils ont réussi leur Startup ! La success story de Kelkoo. Format Kindle