Le podcast sur Bernard Tapie – Ep 1
La biographie de Bernard Tapie – Ep 1
- 1943 : Bernard Tapie naît le 26 janvier 1943 à Paris, en France.
- 1964 : Bernard Tapie ouvre alors son magasin de télévision.
- 1971 : Bernard Tapie ouvre Grand Dépôt. Un entrepôt qui vend de la hi-fi et de l’électroménager à une clientèle titulaire d’une carte.
- 1974 : Bernard Tapie crée Coeur Assistance, un service de secours rapide aux personnes souffrant de problèmes cardiaques.
- 1975-80 : Bernard Tapie rachète de nombreuses entreprises comme La papeterie Duverger, Manufrance, Terraillon, Look, La Vie claire, Testut, Wonder ou Donnay.
- 1979 : Bernard Tapie fonde le Groupe Bernard Tapie (GBT), une société d’investissement.
- 1983 : Bernard Tapie achète le club de football de l’Olympique de Marseille et devient président du club.
- 1986: Le 28 février 1986, l’émission Ambitions est lancée avec Bernard Tapie comme présentateur.
- 1989: Bernard Tapie est adoubé par François Mitterrand. Il se retrouve député en 1989 de la sixième circonscription des Bouches-du-Rhône.
L’histoire résumée de Bernard Tapie – Ep 1
Bernard Tapie est l’entrepreneur typique des années 80. Il a eu une profonde influence sur tous les entrepreneurs de cette génération, Xavier Niel, Marc Simoncini ou Jacques-Antoine Granjon.
Plus que son cursus d’entrepreneur, Bernard Tapie est une personnalité exceptionnelle avec ses mauvais et ses bons côtés.
Côté face, il a repris des dizaines d’entreprises prestigieuses qu’il a retapées, amené un club de football, l’OM, au firmament du football français.
Côté pile, il frise toujours avec la légalité et sa soif de réussir et de faire de l’argent écrase souvent ses autres objectifs.
Né en 1943 au Bourget, Bernard Tapie vient d’une famille ouvrière. Son père est tourneur-fraiseur et sa mère aide soignante.
Mais Bernard est déjà rempli d’ambitions. Et rien ne peut et ne doit l’arrêter.
Il fait ses 1ères armes comme vendeur de TV et avec son bagout, il réussit tout de suite à gagner très bien sa vie.
Mais il s’ennuie vite et a du mal avec l’autorité.
Il créé son 1er magasin de TV mais c’est un échec… en parallèle, il s’essaie à une vie rangée et se marie.
Mais il est vite rattrapé.
Il fait des courses de voiture, joue beaucoup aux jeux et se lance même dans la chanson.
Il n’ira pas très loin sur ses ces activités.
Après 2 autres échecs avec Coeur Assistance et Grand Dépôt, c’est une rencontre qui change sa vie, celle avec Marcel Loichot.
Ce polytechnicien de 60 ans et ancien conseiller de De Gaulle, est un homme d’affaires avisé… notamment dans la reprise d’entreprise.
Il enseigne toutes les ficelles à Bernard Tapie qui se révèle rapidement un excellent repreneur d’entreprise.
Tapie se lance alors seul courant 1970 avec une papeterie puis une 2e.
Ce sont les années 80 qui consacrent son talent avec la reprise d’entreprises de renom: Wonder, Terraillon, La vie claire, Donnay.
Il reprend les marques pour 1 franc symbolique puis les revend quelques années plus tard pour des millions.
Il licencie, coupe dans les coûts, remotive les équipes… la méthode Tapie fonctionne.
Puis Tapie est aussi visible dans les médias: télévision, radio, presse. Il semble partout dans ces années 80. Il est l’entrepreneur à succès qu’il faut avoir sur le plateau télé.
Il aura même son émission, Ambition: un jeune de 25 ans vient pitcher son projet devant un jury.
Il se lance même en politique sous la houlette de Mitterrand en 1988. Il est élu député.
Puis ce sont les années sport avec l’équipe cycliste en 1984, La vie claire puis le club de foot, l’Olympique de Marseille en 1986.
Sa méthode marche.
L’OM cartonne et finit 1er pendant plusieurs années jusqu’à gagner la ligue des champions le 26 mai 1993. La seul ligue des champions en France.
Bernard Tapie est au sommet de sa gloire. Rien de semble arrêter son ambition.
Ses ennemis pourtant sont nombreux. Et son entrée en politique va accélérer sa perte.
Bernard Tapie : échecs et succès d’un entrepreneur 1970-1990 – Ep 1
Été 1969. Cannes.
Le ciel bleu de Provence s’étale à perte de vue sur la propriété de Marcel Loichot.
Confortablement installé face à la mer, le sexagénaire fume sa enième cigarette de la matinée.
L’homme d’affaires et polytechnicien parcours sa revue de presse du matin, moins soucieux de cette France post mai 1968 que de son rendez-vous à venir.
Marcel relève la tête. Son assistante vient d’introduire le visiteur. Un jeune homme au visage carré, brun, la mèche soigneusement coiffé sur le côté.
En face, le conseiller de Gaulle le regarde satisfait, en un éclair , il a compris qu’il a face à lui son poulain.
« Bernard, je voulais vous rencontrer depuis longtemps. »
En face, le jeune homme de 26 ans acquiesce, déjà sensible à la reconnaissance.
« Vous dépensez beaucoup d’énergie pour votre affaire Club bleu… c’est admirable. Mais vous n’irez jamais très loin de cette manière.Maintenant, il vous faut franchir un palier en vous connectant avec l’industrie et le commerce, au plus haut niveau.
Tapie penche la tête en avant, impatient et curieux de la suite. Il écoute.
Un léger mistral se lève comme pour saluer la proposition de Marcel.
« J’accepte mais à mes conditions. »
Bernard Tapie vient de répondre, sans laisser même un flottement dans la conversation. Il sait déjà que l’hésitation est l’ennemi des affaires.
Je vous emmène aujourd’hui sur les traces d’une légende de l’entreprenariat en France : Bernard Tapie. Dans cette série exceptionnelle en 3 épisodes vous découvrirez l’homme, l’homme d’affaires, le repreneur d’entreprise, l’escroc, le beau parleur.
Table des matières
Tapie, un prolo avec de l’ambition
Bernard Tapie, piètre entrepreneur
Tapie, le redresseur d’entreprise
Tapie et le sport, une passion réciproque
L’homme favori des médias, un tremplin
Epilogue: ennemis et nuages s’accumulent
Tapie, un prolo avec de l’ambition
Le bruit de fraiseuse, Bernard ne veut plus l’entendre.
C’est celui de la machine de son père, tourneur fraiseur.
Lui et ses deux frères ne rêvent que de football ou de hand, dans cette banlieue modeste du 93.
Le Bourget, ces HML, au milieu desquels Bernard grandit, sa mère, aide soignante et surtout son père ouvrier modèle du prolétariat.
Ce schéma, il le rejette en bloc, il refuse sa condition de fils d’ouvrier.
Pour l’instant les grandes ambitions peuvent attendre.
Élève moyen, il décroche son bac en 1961, pour intégrer l’École d’électricité industrielle de Paris.
Il a déjà besoin de gagner de l’argent et enchaîne les petits boulots en parallèle de ses études.
Au final, il finit par lâcher l’école plus intéressé par le terrain que par la théorie.
« Bonjour, vous avez un téléviseur chez vous ? »
Bernard écoute à peine la proposition du démarcheur planté devant lui avec ses prospectus.
Grundig, schneider, Radiola ses noms là n’évoquent pas grand chose pour lui.
En revanche, il comprend vite que le vendeur en face de lui est nul.
Et il ne se gène pas pour lui dire.
L’autre se décompose, Bernard comprend vite qu’il a été un peu trop direct.
Et voilà nos deux vendeurs en herbe qui commencent à faire la tournée du voisinage.
« Bonjour, madame. On fait une enquête sur les programmes télé et on voudrait savoir si vous pouvez nous répondre. »
« Mais je n’ai pas la télé, monsieur ! »
« Qu’à cela ne tienne, on en laisse une à votre disposition, vous allez la regarder pour nous dire ce que vous aimez ou pas, et puis on repassera dans une semaine pour récupérer le poste. »
Et ça marche.
Accrochés par le discours de Bernard, les voisins prennent les postes chez eux et une semaine plus tard, quand ils reviennent, la vente est faite.
Le fameux bagout que son père a toujours regardé avec méfiance lui rapporte de l’argent !
Il finit par claquer la porte, l’autorité, quand elle n’émane pas de lui, c’est hors de question.
Être patron, lui semble plus simple finalement. Il ouvre alors son propre magasin de télévision, en 1964, près de la gare de l’Est à Paris.
Son affaire en route, il se marie avec Michèle Layec. Leur union leur donne deux enfants, Nathalie puis Stéphane.
Mais chaque fois qu’il franchit une étape, c’est plus fort que lui, il s’ennuie.
Roulette, Blackjack, machines à sous. tout est bon pour le distraire, sans autre résultat que de lui faire perdre de l’argent.
Le frisson, il va alors le chercher du côté du show-business.
Chanteur à ses heures perdues, un producteur repère Bernard et son charisme.
Il sort avec lui trois 45 tours, qui s’écoulent à 10 000 exemplaires.
Un échec.
Comme son magasin de télévision où il finit par mettre la clef sous la porte.
Tapie n’est pas un gestionnaire.
Commence alors une dizaine d’années de créations d’entreprises, sans plus de succès.
Tapie se cherche.
Il ne sait pas encore quel chemin choisir mais il veut déjà réussir sa vie.
Bernard Tapie, piètre entrepreneur
Si l’échec est la marque des entrepreneurs, Tapie commence sa carrière avec succès.
La faillite de son magasin de télévision est suivie de celle de son magasin d’équipement pour la maison.
Tapie persévère et finit par lancer “ le club bleu” : une centrale d’achat pour les comités d’entreprises.
C’est que que s’échine à lui démontrer Marcel Loichot sous les palmiers cannois de cet été 69.
Bernard l’écoute mais n’est pas prêt à renoncer à sa liberté en travaillant pour un autre.
Il propose plutôt à Marcel de s’associer sur son nouveau concept : Grand Dépôt.
Un entrepôt qui vend de la hi-fi et de l’électroménager à une clientèle titulaire d’une carte. Autrement dit, un grand centre de discount.
Tapie ne change pourtant rien dans sa manière de faire et continue l’entreprenariat à sa façon et sans succès
En 1974, il crée Coeur Assistance, un service de secours rapide aux personnes souffrant de problèmes cardiaques. Moyennant un abonnement de 800 francs par an, elles bénéficient des services de la société : suivi médical, appareils sophistiqués, transport en ambulance.
Dans les faits, il a encore survendu sa prestation. Sa société n’a que deux ambulances au lieu des cinq annoncés. Qui plus est, l’ordre des médecins, agacé par ce concurrent du Samu, interdit aux médecins de travailler pour Coeur Assistance.
Bernard Tapie ne doit son salut financier qu’à la loi d’amnistie de 1981, mise en place par un certain François Mitterrand.
Une révélation pour Bernard qui se découvre une vocation et un talent.
Au côté de Marcel, Il apprend toutes les ficelles du métier, découvre les bilans et comptes de résultats, apprend à jongler avec les budgets, les chiffres et les cash-flows
Il est brillant, bon conseiller, il sait aussi convaincre.
Son 1er fait d’armes qui tourne au fiasco ?
Gonflé par ses succès, il décide de viser plus grand et à l’international.
Sa cible ou plutôt sa victime Jean-Bedel Bokassa, dictateur centrafricain et ami de Valéry Giscard d’Estaing.
Bernard débarque à Abidjan, en Côte d’Ivoire, où réside l’empereur en exil, et l’informe que ses multiples hôtels, biens, Cadillac ou Rolls vont être saisis par la justice française.
Sous la pression Bokassa s’exécute.Tapie donne même à la transaction un vernis humanitaire en s’engageant à reverser une partie de ses gains à l’UNICEF.
Voilà l’homme d’affaires à la une des journaux.
Ce qui ne manque pas d’attirer les regards sur lui.
Il faut dire aussi qu’entre diplomatie, ex présidents et dictateurs, Bernard Tapie sort totalement de son domaine de compétences.
Douanes, Renseignements généraux, fisc sont bientôt à ses trousses.
Le tribunal d’Abidjan annule la vente pour « violence morale et tromperie » et Tapie est condamné à verser 100 000 francs de dommages et intérêts.
La déconvenue n’affecte pas plus que ça le businessman qui a l’aube des années quatre-vingt se voit déjà en haut de l’affiche.
Tapie, le redresseur d’entreprise
La fréquentation de Marcel Loichot et sa déconvenue africaine lui font prendre conscience qu’il doit se professionnaliser. Notamment d’un point de vue réglementaire.
Il s’adjoint alors les services de Claude Colombani, Directeur juridique et financier d’une société spécialisée dans les transactions d’entreprises.
Voilà Bernard tapie prêt à se lancer seul dans le métier de repreneur.
Sa méthode ?
Deux équipes distinctes qui travaillent main dans la main.
- La première analyse la boite, les bilans et les dettes.
- La seconde audite les équipes en place.
Pour le financement, il s’appuie sur une filiale du Crédit Lyonnais.
Il fait ses premières armes en 1977 avec la papeterie Duverger puis enchaîne les reprises dans les années quatre-vingt.
D’abord Manufrance, emblème national et célèbre manufacture stéphanoise d’armes et de cycles.
Ce rachat plante le décor de ce qui va devenir la marque de fabrique de Tapie : reprendre pour un euro symbolique des entreprises prestigieuses pour les relancer.
Avec plus ou moins de succès.
En attendant, les reprises défilent à toute vitesse : Terraillon, Look, La Vie claire, Testut, Wonder ou Donnay.
Au sein des entreprises, la réalité est moins rose.
Adepte des méthodes américaines, il n’hésite pas à tailler dans les effectifs en véritable costkiller.
Si l’homme a du bagout pour entraîner les salariés à sa suite, il sait aussi être implacable.
Wonder et Mazda deux fabricants de piles qu’il achète avec l’aide de Francis Bouygues.
L’homme de spectacle qu’il est en train de devenir met tout en place pour que ça marche.
Après la reprise de l’entreprise, il arrive en hélicoptère dans la cour de l’usine de Saint-Ouen avant d’adresser un véritable discours de tribun aux salariés.
« En général, le repreneur dans une affaire, on ne le voit pas. Moi, je suis venu vous dire ceci : ma holding est une société en nom collectif, j’en suis donc responsable sur mes biens personnels. Si je réussis, je suis riche. Si je perds, je suis ruiné. J’ai cautionné un demi-milliard de dettes. Alors, dites-vous bien une chose, nous allons gagner. «
Et ils gagneront !
Notamment en se lançant dans l’innovation avec la création de la pile alcaline.
Pile dont il va jusqu’à faire la publicité. Pour assurer le spectacle, Bernard est toujours là.
Puis c’est Terraillon, le fabricant savoyard de balances racheté pour 1 franc revendu 165 millions de francs à un autre entreprise américaine.
C’est enfin Look, l’entreprise de fixations de ski, basée à Nevers dans la Nièvre.
Il diversifie l’activité de Look pour la lancer dans la fixation de pédales de vélo avec Bernard Hinault comme porte drapeau.
Il la revend en 1989 pour 260 millions de francs.
Le Groupe Bernard Tapie en 1985 regroupe 42 entreprises pour un chiffre d’affaires de 5 milliard de francs.
L’homme n’oublie pas pour autant de soigner son image et s’affiche dans la presse comme le sauveur de l’emploi en France.
Par exemple, il fait la Une de VSD en 1985 avec cette citation en exergue :
L’homme à soif de reconnaissance populaire.
Et quoi de mieux que le sport pour lui offrir cette dernière ?
Tapie et le sport, une passion réciproque
Tapie adore le sport, en souvenir de ses parties de foot enfant mais aussi parce que le sport incarne les valeurs qui lui sont chères : efforts, défis, pugnacité, victoire.
Tapie l’engage et lance sur le Tour de France, l’équipe cycliste “La vie claire”.
“La vie claire” ? C’est le nom de la chaîne de magasins bio qu’il vient de racheter !
Les deux Bernard vont même plus loin en développant des accessoires de vélos innovants : pédale et bientôt cadre en carbone.
Entreprise et sport, la boucle est bouclée pour Tapie.
Hinault remporte 2 tours de France en 1985 et 1986.
Après le vélo, c’est la voile.
Tapie rachète un quatre-mâts de soixante-douze mètres, qu’il renomme le Phocéa.
Son objectif : battre le record de la traversée de l’Atlantique en voilier monocoque.
Tapie prend le départ de New-york avec ses 19 équipiers, Skippers et marins professionnels.
Huit jours, trois heures et vingt minutes après le départ, le Phocéa est à Saint-Malo.
La bateau de Tapie bat un record datant de 1905.
Quand Tapie est approché par l’écrivaine Edmonde Roux, la femme de Gaston Deferre, le maire de Marseille, l’OM est en pleine déconfiture.
Sportivement et financièrement.
Tapie applique au club la même recette que pour les entreprises qu’il reprend.
L’homme a de l’instinct et de l’argent.
Au fil des années, il achète de nombreux joueurs, célèbres ou avec du potentiel : Basile Boli, Jean-Pierre Papin, Eric Cantona, Fabien Barthez, Chris Waddle…
A l’OM, on le surnomme le “Boss”. Il est partout : dans les vestiaires, les bureaux, sur le gazon.
Il faut dire que le football, théâtre de tous les excès, lui va comme un gant.
À Rome fait comme les romains affirme le célèbre dicton. Tapie applique sans mal la formule à sa nouvelle ville de coeur :
À Marseille, il fait comme les marseillais.
Quatre titres de champion de France consécutifs.
Et bien sûr la finale de ligue des champions.
Ce 26 mai 1993, Tapie entre au panthéon du sport français, avec la finale de la ligue des champions, OM-AC Milan.
Son Olympique de Marseille remporte le match, seul club français à ce jour à tenir ce titre en ligue des champions.
Désormais les marseillais lui vouent une passion sans limite.
Et ça, Bernard adore, il aime être adulé et possède depuis toujours un besoin de reconnaissance qu’il va chercher autant dans le sport que dans les médias.
L’homme favori des médias, un tremplin
Avril 1985. Paris 16e arrondissement.
12h19.
Bernard Tapie marche d’un pas rapide.
Une fois n’est pas coutume, l’homme est tendu.
Hors de question pour lui d’être en retard à son rendez-vous.
L’image fugace de son déjeuner avec Marcel Loichot, 15 ans plus tôt, lui revient en tête.
Sur place, la sécurité fouille Bernard sans même qu’il pense à râler.
Trois étages plus haut c’est un Séguéla tout sourire qui l’accueille.
« Bienvenue Bernard !
Séguéla s’écarte pour laisser apparaître un Mitterrand méditatif, encadré de deux conseillers austères.
« Bonjour Mr Tapie ! On m’a beaucoup parlé de vous. Il était bien temps que je vous rencontre ».
« Bonjour Mr le président ! »
Répond Tapie, intimidé pour la première fois de sa vie.
Monsieur Tapie, je suis surpris de voir comment vous avez parlé de l’entreprise, hier, dans l’émission Vive la crise. Même moi, vous m’auriez donné envie d’en faire. Ça vous dirait de faire une émission pour apprendre l’entreprise aux Français et donner aux jeunes le goût d’entreprendre ?
Bien sûr – répond Tapie.
L’idée même vient de redonner toute son assurance à l’entrepreneur.
L’émission de durera qu’un an.
Loin d’être anecdotique, l’émission éveille à ce moment-là la vocations de nombreux entrepreneurs comme Xavier Niel, Jacques-Antoine Granjon ou Marc Simoncini.
Tapie l’homme de spectacle explose les audiences à chaque passage.
Il est partout. Du programme culturel comme le grand échiquier, aux émissions de variétés comme Champs-Elysées.
Bernard jubile, chaque titre, chaque passage télévisuel est un morceau de reconnaissance qu’il savoure.
Mais son appétit insatiable commence à agacer. La réussite de ce prolo assumé dérange et certains en coulisse comptent bien le lui faire payer.
Epilogue: ennemis et nuages s’accumulent
Quel défi reste-t-il à Bernard Tapie, après l’entreprise, le sport, les médias ?
La politique bien sûr !
Sa carrière politique est lancée.
Mitterrand reconnaît en lui l’animal politique qui peut, selon lui, faire barrage au Front national à Marseille.
Bernard Tapie entre en politique comme partout avec fracas. Sans respecter les règles.
Mais ici, le jeu est différent.
Tapie est seul en politique. Il a peu de soutien.
Ses succès, sa sur médiatisation agacent. Il est partout même dans les émissions de sport pour les femmes.
Allez Bernard !
Pourtant les nuages s’accumulent au-dessus de Bernard…
Le rachat d’Adidas en 1990 sonne comme un succès phénoménal mais il cache aussi un risque formidable.
Et ça c’est une autre histoire.
Notes
Bernard Tapie, Leçons de vie, de mort et d’amour – Franz-Olivier Giesbert
Notre ami Bernard Tapie – Ian Hamel
Tapie de A à Z – Christopher Nadot
https://lesjours.fr/obsessions/bernard-tapie/ep2-tapie-capitalisme/
Pub piles Wonder – Bernard Tapie (1986)
Portrait Bernard Tapie sauveteur d’entreprises en difficultés – Archive vidéo INA
Portrait d’un brasseur d’affaires aventureux
Décès de Bernard Tapie, un homme d’affaires hors norme
Vidéo. Bernard Tapie, une vie d’artiste