Le podcast sur Anne-Laure Constanza
La biographie d’Anne-Laure Constanza
- 1975 : Naissance de Anne-Laure Constanza à Châtillon
- 1995 – 1998 : Institut national des langues et civilisations orientales et Cursus en commerce international avec la Chine
- 1998 : départ en Chine pour Jean-Louis Cherrer puis Angelo Tarlazzi
- 2002 : lancement de sa première entreprise, Chinattitude
- 2006 : Lancement de Envie de Fraise, le premier site en-ligne de vêtements pour femmes enceintes
- 2011 : Buzz avec l’opération qui parle de Carla Bruni et levée de fonds avec Amundi Private Equity
- 2017 : MK direct rachète Envie de Fraise
L’histoire d’Anne-Laure Constanza
Anne-Laure Constanza : l’entrepreneuse qui habille les femmes enceintes
6 décembre 2011, 8 rue de Londres à Paris.
Anne-Laure
“Je suis tout d’abord honorée d’avoir été invitée aujourd’hui à l’inauguration des locaux de Google à Paris.
En tant qu’entrepreneuse sur le web je ne peux que soutenir la transformation du numérique.
Comme demandé, je vais maintenant me présenter. Je… “
Nicolas Sarkozy
“Madame Constanza, moi je sais très bien qui vous êtes, grâce à vous la France entière était au courant de la grossesse de Carla .”
Eh oui ! Nicolas Sarkozy connaît très bien Anne-Laure Constanza et sa marque Envie de Fraise. Quelques mois auparavant, l’entrepreneuse qui habille les femmes enceintes a créé le buzz médiatique avec son slogan “Alors Carla, Envie de Fraise ou pas?”
Je vous raconte aujourd’hui l’histoire d’Anne-Laure Constanza, une entrepreneuse qui a fondé la première marque de mode digitale en France : Envie de Fraise. Une entrepreneuse aussi qui n’a pas eu peur d’aller à contre-courant.
Les débuts made in China
L’institutrice
“Houhou Anne-Laure, c’est du chinois ce que j’explique ou tu es encore dans tes rêves.
Concentre-toi, page 12, exercice 2
Et viens au tableau pour la peine.”
Anne-Laure
“Hǎo”
L’institutrice
“Mmh?”
Anne-Laure,
“Ça veut dire “d’accord” en chinois”
C’est à Châtillon, dans une maison emplie d’objets venant d’Asie, qu’Anne-Laure voit le jour le 22 juillet 1975.
Tous ses vases et ses estampes asiatiques du salon familial fascinent la petite fille. Très rêveuse, elle se crée un univers autour de cette culture et rêve de percer le mystère de la langue chinoise.
La tête dans les nuages mais les deux pieds sur les pistes d’athlétisme qu’elle adore défier, Anne-Laure passe un pacte avec ses parents.
Anne-Laure
“Si j’ai mon bac, je pars en Chine.”
Père d’Anne-Laure
“Avec ta mère on a posé comme condition: un bac S, une mention et à ton retour une inscription en fac de médecine”
Anne-Laure
“Deal !”
Anne-Laure donne tout et obtient son bac S avec mention. Comme promis, ses parents lui offrent un aller-retour pour Pékin.
Pendant deux mois avec une amie, son sac sur le dos, elle arpente l’Empire du Milieu.
Mais à son retour, Anne-Laure annonce à ses parents qu’elle n’ira pas en fac de médecine.
Son père
“Enfin Anne-Laure, sois raisonnable !”
Anne-Laure
“Mais papa, en deux mois j’ai à peine eu le temps de découvrir un quart du pays.
Je veux y retourner, vivre là-bas. Je vais apprendre le chinois.
Ça peut être très utile tu sais”
Ses parents lui font confiance.
Anne-Laure s’inscrit à Institut national des langues et civilisations orientales pour étudier le chinois, ainsi que la politique et l’économie du pays.
Puis elle entreprend un cursus en commerce international entre la France et la Chine.
Anne-Laure
“Mmh nan mais j’ai enfin le sentiment d’entreprendre ma vie
Tu me passes le sel pa’ steup
de vivre mes rêves…et..
D’ailleurs papa, je t’avais dit qu’apprendre le chinois me serait utile.”
Père d’Anne-Laure
« Pour draguer les garçons? Te trouver un fiancé ? »
Anne-Laure,
“Ah ah ah
Je viens d’être embauchée par une maison de couture française pour coordonner ses activités en Chine.”
Un premier échec et le déclic entrepreneurial
Anne-Laure a 23 ans. Elle vient de décrocher son premier contrat pour la maison française Jean-Louis Scherrer.
Elle est chargée de l’organisation de défilés et du développement de la marque en Chine.
Puis elle part en Mongolie intérieure pour travailler dans un atelier de la maison Angelo Tarlazzi.
Anne-Laure
“Bonjour Angelo. Tu as fait bon vol?
L’atelier vient de terminer la collection cachemire si tu veux jeter un œil.”
Angelo Tarlazzi,
“Tiens Anne-Laure, tu veux bien faire la mannequin cabine s’il te plaît?
Tu vois alors là, le plissé doit être parfait et la coupe bien droite si l’on veut allonger la silhouette.”
Anne-Laure découvre tout du vêtement et du milieu de la mode et fait la connaissance de fabuleux artisans chinois.
Elle se sent bientôt suffisamment armée pour qu’à 27 ans, elle décide de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale.
Anne-Laure
“La Chine recèle d’incroyables savoir-faire et regorgent de trésors qui valent la peine d’être reconnus.
Avec Chinattitude, je souhaite aider les maisons de couture à s’installer dans ce pays…”
Un homme
“Vous voulez dévaloriser les maisons françaises ou quoi?
Du “made in China” dans nos collections, jamais! “
En 2002, le “made in China” n’a pas bonne presse en France.
Le marché n’est pas prêt à écouter Anne-Laure, qui pourtant connaît les talents des designers et artisans chinois.
L’aventure Chinattitude prend vite fin.
Anne-Laure est déprimée. Enceinte de son premier enfant, elle décide de venir s’installer en France où vit son compagnon.
Un nouveau petit déchirement. Elle aime tant la Chine.
Grand-mère d’Anne-Laure
“Ah Anne-Laure ma chérie c’est toi.
Je viens de finir ta robe pour ton petit ventre rebondi”
Anne-Laure
“Merci ma petite mamie.
Je t’ai apporté le tissu pour le pantalon taille 6 mois.
Tu sais, mes copines enceintes sont jalouses de mes tenues.
ça me donne envie…”
L’envie de bien habiller les femmes enceintes. Ça y est, Anne-Laure le tient son nouveau projet.
Mais jeune maman, avec seulement un diplôme de chinois et une première expérience entrepreneuriale ratée, Anne-Laure va devoir lutter contre les préjugés.
Envie de fraise
Mari d’Anne-Laure
“Chérie, tout va bien? Le rendez-vous avec le banquier s’est mal passé?”
Anne-Laure
“C’est un con, un gros con!
Je me suis sentie humiliée, j’avais l’impression qu’il me prenait pour une femme en plein délire post-natal et que mon projet était juste la conséquence d’une crise hormonale.
Et je te dis pas sa tête quand je lui ai dis que je voulais être qu’ en e-commerce…”
Anne-Laure ne va pas se laisser démonter.
Oui son projet est pour un marché de niche, difficile à fidéliser mais elle y croit!
Elle va récolter ses premiers fonds grâce à la “love money”, l’argent de ses parents et de ses amis. 30 000 euros au total, de quoi tenir un an et demi.
Anne-Laure
“Mmh, plutôt le tissu fleuri pour la robe, c’est plus frais et plus gai.”
Anne-Laure a envie de tendance et de fraîcheur pour ses créations et le faire à juste prix. Elle qui aime tant la Chine et a sympathisé avec de nombreux ateliers dans le passé, décide de produire là-bas.
Anne-Laure
“Tiens regarde, j’ai reçu les protos de la toute première collection Nuwa?”
Mari d’Anne-Laure
“Nuwa ?”
Anne-Laure
“Bah c’est le nom de la déesse de la maternité en Chine.”
Mari d’Anne-Laure
“Ah ok… c’est un peu compliqué comme nom, nan?”
Anne-Laure a alors un flash. L’inscription “envie de fraises” sur son bracelet qu’elle porte depuis sa grossesse, lui saute aux yeux.
Après 9 mois de gestation, le site enviedefraises.com voit le jour à l’automne 2006 et devient la première marque digital native française .
Les clientes sont au rendez-vous et très vite, en 2008, Anne-Laure rapatrie la production en France afin de mieux maîtriser les délais de production et de livraison.
Puis trois ans plus tard, la marque connaît son coup d’éclat.
Mari d’Anna Laure
“À ce qu’il paraît, Carla Bruni est enceinte”
Anne-Laure
“Oui, tout le monde en parle dans l’équipe, et j’ai ma petite idée”
En 2011, alors que les rumeurs sur la grossesse de la première dame ne cessent d’enfler, Anne-Laure et son équipe postent sur la page Facebook d’Envie de fraises « Alors Carla, envie de fraises ou pas ? ».
Les commentaires explosent.
Le 9 mai, Libération reprend l’encart et la formule et le publie à sa Une. Le buzz est total.
Anne-Laure
“C’est officiel, Carla est enceinte!
Désormais la moindre des choses c’est qu’on habille la première Dame de France !”
Et si 6 mois plus tard, alors qu’Anne-Laure s’exprime pour l’inauguration des locaux Google à Paris, elle est coupée en pleine présentation par… Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy
“Madame Constanza, je sais qui vous êtes, grâce à vous la France entière était au courant de la grossesse de Carla .”
Envie de Fraise devient une référence en matière de mode maternité.
Après Carla Bruni, c’est au tour de Natalie Portman, Serena Williams, Bérénice Bejo de porter des tenues signées “Envie de Fraise” pour les accompagner pendant leur grossesse.
La marque est un succès et les chiffres le prouvent.
Développement et rachat
Anne-Laure
“Envie de Fraise habille aujourd’hui une femme enceinte sur 10.
Pour l’année 2012, avec 26 salariés, l’entreprise devrait approcher les 10 millions d’euros de chiffre d’affaires .
La marque est suffisamment forte aujourd’hui pour se développer à l’international.
C’est pourquoi, je vous sollicite Monsieur Chalumeau , pour ma levée de fonds.”
Denys Chalumeau
“Je connais très bien votre marque madame Constanza. Ma femme ne jure que par vous en ce moment.”
Denys Chalumeau, fondateur de Seloger.com devient l’un des premiers business angels d’Envie de Fraise.
Puis fin 2011, alors qu’Anne-Laure attend des jumeaux, elle convainc le fonds Amundi Private Equity et lève 1,4 millions d’euros.
Anne-Laure
“Tu sais mon coeur, je viens d’avoir une idée.
Les femmes rondes en France n’ont pas le choix pour s’habiller. Tout est moche ou mal taillé…”
En 2012, Anne-Laure crée la marque digitale Scarlett destinée aux grandes tailles.
La dirigeante fonde pour l’occasion une entité commune (Digital Fashion Group) pour abriter les deux marques et capitaliser les process industriels et l’expérience développée avec Envie de Fraise.
Mais le succès n’est pas au rendez-vous.
Elle stoppe Scarlett et se recentre sur la femme enceinte. Anne-Laure n’a plus peur de l’échec. « Ne rien risquer est un risque encore plus grand » aime-t-elle répéter.
En 2014 et 2015, Envie de Fraise enregistre plus de 50% de croissance.
Voix de femme
“Oui, bonjour Anne-Laure.
Je suis Marie-Françoise Kerhuel, présidente du groupe MK direct.
Nous nous sommes rencontrées au printemps, à la réunion du conseil de la vente à distance.
J’aimerais beaucoup vous revoir, j’ai une offre à vous faire.”
Quelques jours plus tard, Anne-Laure rencontre l’équipe de direction du groupe MK direct.
Anne-Laure
“Écoutez, je n’avais pas prévu de vendre mais j’accepte votre offre de rachat.
À une condition: je garde les rênes d’Envie de Fraise.”
En juillet 2017, Envie de Fraise intègre MK direct. Anne-Laure reste aux commandes de son entreprise tout en intégrant la direction du groupe.
Elle participe également à la construction d’un nouveau pôle centré sur les « digital mums » qui a pour ambition de rendre le groupe leader en Europe dans l’univers de la femme.
Envie de Fraise continue son expansion. Elle est distribuée en Italie, le second marché après la France, le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Allemagne.
Anne-Laure
“Chéri, je me disais, je crois que je vais ouvrir une deuxième boutique”
Mari d’Anne-Laure
“T’as vraiment peur de rien.
On est à peine sorti du Covid.
Mais je te fais confiance.”
Après avoir ouvert un premier point de vente en 2016, Envie de Fraise inaugure le 6 octobre 2020, sa deuxième boutique parisienne au 90 rue de Lévis.
La marque est digitale avant tout mais Anne-Laure souhaite être au plus près de ses clientes.
Épilogue
Anne-Laure
“La la la la
La la la la”
Entre deux cours de chants, deux raids sportifs au bout du monde, Anne-Laure continue de diriger une affaire de près d’une dizaine de millions de chiffres d’affaires qui emploie une quarantaine de salariés.
Forte de son expérience de “mom entrepreneuse” elle a très vite adapté son entreprise aux besoins de ses collaboratrices. Une journée par semaine travaillée depuis la maison, souvent le mercredi, pas de réunions après 18h…
Femme engagée pour l’entrepreneuriat, devenue à son tour business Angel et administratrice de grands groupes, Anne-Laure se mobilise également pour la cause de l’inclusion des personnes en situation de handicap.
Mais ça c’est une autre histoire.
Notes
https://fashionunited.fr/actualite/mode/ce-qu-il-faut-savoir-sur-envie-de-fraise/2021122228640
https://www.ecommercemag.fr/E-commerce/Article/Serial-entrepreneuse-39296-1.htm
Sud Radio/Entreprendre : Anne-Laure Constanza (Envie de Fraise)